Il y a quelque chose qui m’épate de plus en plus dans mon rapport aux livres. Alors, c’est avec un peu de retard que j’écris cette revue mais j’y vois tout un symbole d’avoir été accompagnée pendant ce mois d’octobre du roman de Laetitia Colombani, La tresse, acheté il y a plusieurs mois de cela.
Ce n’est pas la première fois que les livres que je lis sont liés d’une certaine façon au présent que je vis. J’en avais notamment parlé dans ma revue sur Ne Lâche pas ma Main de Bussi, et encore aujourd’hui, je suis en train de lire un roman qui débute au mois de novembre. Si tu me suis sur Instagram, tu sais déjà duquel il s’agit mais pas de panique pour mes chers lecteurs du blog, la revue arrive aussi prochainement !
Cet été, j’avais perdu un peu le rythme et j’ai mis une éternité à finir des romans de 400 pages. Ça me faisait donc plaisir de repasser sur un petit format, puisque La tresse en fait la moitié. Mais pourquoi ce symbole du mois d’octobre ? Dans ce roman, l’auteure raconte l’histoire de trois femmes vivant chacune sur un continent dont les destins vont s’entremêler. Si toutes mènent un combat pour s’en sortir dans la vie, l’une d’entre elle va apprendre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein et les deux autres vont, sans le savoir, adoucir son quotidien de malade en lui redonnant force à travers sa féminité. Le mois d’octobre est un moment clé dans la lutte contre le cancer du sein, mais il est important de rappeler que c’est toute l’année qu’une femme sur huit doit y faire face.

Sans grande surprise si l’on s’en fie au titre, l’élément liant sont les cheveux puisque c’est grâce à un don de cheveux dans un temple d’Inde que l’italienne Giulia va confectionner la perruque qui viendra habiller la tête de Sarah au Canada. Bien sûr, l’histoire est belle et forte mais c’est une revue plutôt mitigée…
J’ai trouvé la mise en contexte assez longue sachant que le roman est plutôt court. Le cœur du sujet arrive à la fin et je trouve qu’il a été largement survolé et traité de manière superficielle. Il n’y a pas de réel dénouement. Non seulement, on ne connaît pas le sort des personnages après leur combat mais il y a aussi un déséquilibre sur les rôles de chacun.
En Inde, on suit l’histoire de Smita, une Intouchable* qui rêve d’un avenir meilleur pour sa fille. Elle finira par s’enfuir pour l’emmener jusqu’au temple de Tirupati, où elles feront toutes les deux offrande de leur cheveux à une divinité dans l’espoir d’échapper à leur condition. J’aurai aimé que l’auteure se concentre davantage sur le ressenti et l’avenir de Lalita, petite fille de 6 ans qui se retrouve contrainte à donner ses cheveux sans comprendre pourquoi, plutôt que sur l’histoire de sa mère, puisque ce sont ces jeunes cheveux qui serviront à fabriquer la perruque clé de l’intrigue. Aussi, je trouve cela dommage de n’avoir évoqué ces pratiques qu’en surface alors que le roman se prêtait tout à fait à les dénoncer. Je n’ai pas du tout réussi à me réjouir de la fin heureuse pour Giulia, qui réussit à sauver son atelier de fabrication de perruques grâce à l’importation de cheveux indiens. J’y vois ici surtout le fait de gagner de l’argent sur le dos des plus démunis. J’avais déjà entendu parler de cette tradition indienne détournée pour faire du profit et ça m’avait déjà révolté à l’époque. Ceux qui n’ont rien n’ont que leurs cheveux car c’est ce qu’ils ont de plus précieux. Leur foi est en réalité exploitée pour un business qui rapporte des millions alors que les premiers concernés continuent de vivre dans la misère…
*Pour plus d’informations, quelques articles sur les sujets en Inde :
– Inde : les « Intouchables », toujours victimes du système de castes (France Info)
– Inde : les cheveux versés en offrande aux dieux revendus en France (France Info)
– En Inde, le business discret de cheveux humains explose (8ème étage)
Je comprendrais que l’auteure n’ait pas voulu tout mélanger pour que son roman ne soit pas trop lourd à lire. En effet, elle y aborde des thèmes suffisamment difficiles. En revanche, elle réussit très bien à ponctuer avec des pointes de légèreté, ce qui en fait quand même une lecture agréable.