Corn Islands, le paradis qui se mérite

Malgré une arrivée compliquée, nous avons adoré séjourner sur les Îles du Maïs, et particulièrement sur Little Corn, dans une cabane sur la plage. Il faut prévoir de s’y poser un peu car le trajet depuis León dure près de 24h. Mais on peut dire que le paradis, ça se mérite, non ? Je t’explique un peu plus bas, après le détail de notre parcours, ce qu’on aurait fait différemment. 

Première étape : Managua

De la gare routière de León, nous avons rejoint Managua, l’actuelle capitale. Des minibus font normalement le trajet pour 72 córdobas par personne (environ 1€80). Au dernier moment avant de démarrer, le chauffeur a changé le prix à 100 córdobas par personne, sous prétexte qu’il ne pourra pas remplir son bus à cause des nombreux sacs de voyageurs qui prennent trop de place. Effectivement, il n’y a pas de soute ni de porte-bagage au-dessus des sièges dans ces minibus. Il aurait fallu équilibrer en répartissant les voyageurs chargés dans les bus suivants, étant donné que les départs sont successifs. Un peu vexés de cette pratique, nous sommes descendus pour prendre le suivant mais les agents de quai, eux-mêmes vexés que nous ayons refusé le prix, ont dit au chauffeur de nous facturer 100 córdobas à cause de nos sacs. Ce n’est pas une question d’argent puisque la différence était d’environ 70 centimes d’euros chacun (bien qu’un sou soit un sou, surtout en long voyage) mais nous avons eu la sensation désagréable d’être des porte-monnaies sur pattes en tant que touristes. Nous avons finalement pris un chicken bus un peu plus loin pour 45 córdobas chacun (1€10). Le trajet aura peut-être duré une heure de plus mais nous n’étions pas pressés.

Deuxième étape : Bluefields

En arrivant, nous avons pris un taxi jusqu’à la gare routière Mayoreo pour prendre le bus de nuit direction Bluefields sur la côte ouest. C’est de là que part le ferry deux fois par semaine (samedi et mercredi) pour rejoindre les Iles du Maïs dans les Caraïbes. Arrivés vers 18h30, nous avons attendu trois heures jusqu’au départ de 21h30. J’ai bouquiné et nous nous sommes fait livrer Mcdo pour patienter. Il y a aussi un départ à 23h mais on ne voulait pas passer toute la soirée dans la gare, qui est en extérieur. On ne s’attendait pas à un chicken bus pour un trajet de huit heures. Rien à voir avec les bus confortables et climatisés du Mexique, nous n’étions pas du tout à l’aise… Seul point commun : le froid, mais pas à cause de la clim. La fenêtre juste au-dessus de nous ne fermait pas… C’était la pire nuit depuis San Cristóbal au Mexique.

Nous sommes arrivés à la gare routière de Bluefields alors qu’il faisait encore nuit vers 5h du matin. Nous avons pris un taxi pour rejoindre le centre pour 40 córdobas chacun. En nous déposant, le chauffeur nous explique qu’il vaut mieux que le propriétaire de l’auberge vienne nous chercher sur la rue principale car il est dangereux de s’aventurer seuls dans la ruelle menant jusqu’à la porte, on pourrait se faire voler. Ayant réservé à partir de la nuit suivante, on ne se voyait pas appeler ou débarquer si tôt. On se sentait épié par les passants un peu éméchés sortant de soirée. Pas rassurés, nous sommes allés un peu plus loin à la recherche d’un endroit plus safe pour nous installer. Nous avons élu domicile dans le parc d’une église et nous avons terminé notre nuit ici jusqu’à 9h.

Nous sommes ensuite arrivés à l’auberge Typical House Bluefields. L’accueil n’était pas terrible et la cuisine était dans un sale état, à éviter… Nous nous sommes baladés dans la ville dans la journée et avons mangé au restaurant. Mais nous ne nous sommes pas du tout senti à l’aise dans cette ville. Gros contraste avec León, les locaux ne sont pas accueillants, ils ne disent pas bonjour ou ne répondent pas quand on le leur dit. Après quelques courses, nous sommes rentrés à l’auberge où nous avons passé le reste de la journée. Heureusement, nous ne sommes restés qu’une nuit et avons pris le bateau tôt le lendemain matin pour rejoindre l’île Big Corn, à une cinquantaine de kilomètres de la côte (7h de traversée). 

Notre séjour sur les îles du Maïs

Big Corn

Sur Big Corn, nous avions réservé deux nuits dans une chambre privée à l’auberge The Wave Hostel, contacté quelques jours plus tôt via Whatsapp. Une autre française arrivée en même temps que nous avait également réservé par Whatsapp. Mais le gérant, qui était peu aimable et mal organisé nous annonce à l’arrivée qu’il n’y aura peut-être pas de place pour nous si d’autres personnes arrivent. En effet, il préfère privilégier les réservations Booking. Alors qu’il avait bien validé nos réservations par message Whatsapp… Nous avons attendu près d’une heure à la réception avant de savoir si nous pourrions avoir une chambre. Le gérant a proposé nous placer dans un autre hôtel à proximité pour la première nuit et de revenir le lendemain. Il nous a présenté cela comme un geste commercial car la nuit là-bas est 5$ plus chère mais il prenait en charge la différence. Pour nous, c’était un peu limite de payer le même prix pour avoir à changer d’endroit et transporter nos gros sacs. Nous avons insisté pour qu’il trouve une meilleure solution et avons accepté de dormir à deux dans un lit simple de dortoir, le seul lit libre restant, car nous le faisons très souvent (même quand nous payons deux lits). Le lendemain, nous avons récupéré une chambre double privée, comme prévu initialement. Les équipements sont très bien et la vue est jolie mais je déconseille cette auberge car nous avons été très mal accueillis et elle est située assez loin des plages. Pendant notre séjour, nous avons également entendu des personnes déconseiller les cours de plongée du gérant pour son manque de professionnalisme…

Une fois installés, nous nous sommes baladés aux alentours et nous avons pu comprendre pourquoi l’île s’appelait Big Corn. Rien à voir avec Caye Caulker, c’est une très grande île où les voitures circulent et il n’est pas aisé d’en faire le tour à pied. Nous avons mangé dans un restaurant en bord de plage et nous sommes rentrés tôt pour nous remettre du long périple menant jusqu’ici.

Le lendemain, nous avons fait le tour de l’île à vélo. Nous les avons loués à l’auberge pour 2$ de l’heure. Je conseille vraiment cette balade d’environ une heure et demie car même si nous avons dû faire une partie à pied (on ne s’attendait pas à une côte aussi rude), la vue d’en haut est une belle récompense. Nous sommes rentrés pile à la bonne heure pour admirer le coucher de soleil du côté de notre auberge. Le soir, une coupure d’électricité sur toute l’île nous a plongé dans le noir. Heureusement, la cuisine fonctionnait au gaz (même si nous n’avions pas prévu de la grande gastronomie). Nous avons pu faire chauffer de l’eau pour un dîner aux chandelles 2.0 : soupe de noodles éclairés à la lampe frontale. Heureusement que nous étions un minimum équipés. Depuis le début du voyage, nous avons utilisé la lampe frontale plusieurs fois. Une pour deux, ce n’est pas l’idéal. C’est mon copain qui avait prévu le coup mais si j’avais su, je l’aurai aussi ajoutée à ma liste d’accessoires techniques.

Little Corn

Le lundi matin, nous avons pris le bateau pour rejoindre la petite sœur, Little Corn. On avait vu sur internet qu’il y avait deux bateaux par jour pour y aller : un à 10h et un à 16h. Nous avons opté pour celui de 10h. En réalité, le bateau du matin est opéré par une compagnie privée. Il coûte 20$ par personne (contre 5$ par personne pour celui de l’après-midi) car il fait l’aller-retour dans la journée et permet aux touristes de Big Corn de visiter Little Corn… Nous ne voulions pas payer aussi cher donc nous étions prêts à attendre le départ de l’après-midi mais nous avons réussi une négociation discrète de dernière minute avec le capitaine à 14$ pour deux (500 córdobas).

Après une demie-heure de bateau et une dizaine de minutes de marche avec nos sacs, nous avons découvert notre chambre pour les trois prochaines nuits. Un petit cabanon sur la plage, à deux pas de la mer turquoise !! Magnifique, un vrai petit coin de paradis.

Il semblerait que les commentaires ne soient pas très bons sur internet, mais nous avons vraiment aimé notre séjour à Elsa’s Place (réservations par téléphone uniquement). Merci Laëtitia si tu passes par là pour la recommandation ! Il y a une cuisine rustique mais fonctionnelle, bien que nous ayons privilégié les repas à l’extérieur car il y a de nombreux restaurants avec vue, bonne ambiance et plats typiques. Il y a d’autres cabanons et d’autres auberges (Grace’s Place, Carlito’s Place) tout le long de la plage mais l’ambiance reste assez intimiste. Après une rapide baignade, nous avons mangé au restaurant et nous sommes baladés pour faire le tour de l’île à pied, entre verdure et plages paradisiaques.

Le deuxième jour, nous sommes restés à lézarder sur notre petit coin de plage. J’ai pris du temps pour avancer sur mes articles, on s’est baigné, mon copain s’est entraîné à ouvrir des cocos, on avait l’impression de vivre une parenthèse hors du temps. Une vraie pause qui a fait du bien.

Pour notre dernier jour, nous avions rendez-vous à 9h au ponton pour une journée pêche et snorkeling avec David. C’est l’attraction principale de l’île avec la plongée. Nous sommes d’abord partis pour une initiation à la pêche à la ligne à la main (sans canne) mais malheureusement, je suis restée clouée sur mon siège à cause du mal de mer. C’est la première fois que j’étais malade en mer et je n’étais pas la seule. Petit bateau et houle ont fait chaviré quelques estomacs. Au moment où j’ai voulu m’essayer à la pêche, j’ai dû rapidement lâcher ma ligne pour vomir par dessus bord…

Une fois que nous avions assez de prises pour le déjeuner, nous sommes rentrés sur Otto Beach, une plage paradisiaque. Les différents capitaines et équipages de bateau ont préparé le repas en faisant frire les poissons. C’était l’un des meilleurs repas que j’ai mangé depuis le début du voyage ! Nous avons aussi découvert le fruit de l’arbre à pain (et non pas du jacquier comme je le pensais — merci à la lectrice qui m’a corrigée), dont le goût et la texture ressemblent un peu à la pomme de terre. C’était très bon !

Après avoir bien mangé, nous avons repris le bateau pour une petite session snorkeling. Les coraux étaient impressionnants ! Nous avons croisé des requins tapis au fond de l’eau, plein de petits poissons colorés, un barracuda et deux raies noires à points blancs (eagle ray en anglais, qu’on pourrait traduire par raie léopard il me semble). Elles étaient majestueuses. Je n’ai pas pu prendre de photo mais l’image est gravée dans ma mémoire.

Nous sommes rentrés avec le coucher du soleil et nous avons siroté un cocktail face à la mer pour profiter de notre dernière soirée ici. Nous avons ensuite goûté le plat typique local, le rondon, une soupe avec du poisson, homard, crevettes, bananes plantains, courges et carottes, servie avec du riz à côté. La préparation prend un peu de temps, il ne faut pas arriver trop tard ou alors le commander à l’avance. Situé non loin de Elsa’s Place, le comedor El Bosque en propose pour un très bon rapport qualité/prix. Nous l’avions repéré depuis notre arrivée et l’un de nos capitaines de l’après-midi nous a conseillé d’y faire une halte.

Cette journée était incroyable, l’une des meilleures du voyage. David nous a été recommandé pour sa bonne humeur et son prix attractif, par Lucas, un voyageur français rencontré sur Big Corn. Et c’est à mon tour de le recommander. Il propose la journée pêche et snorkeling à 20$ (15$ à partir de dix personnes). Nous sommes tombés sur une journée très chargée puisque nous sommes partis à trente apprentis pêcheurs avec deux bateaux. Il y a eu quelques couacs dans l’organisation des roulements pour les groupes mais rien de critique. Si vous avez du temps sur l’île et que vous voyez que le groupe de la journée est déjà conséquent, vous pouvez reporter au lendemain. Il y a des départs tous les jours.

De nombreux prix sur les îles sont affichés en dollars américains (logements, restaurants, activités). Ça nous a surpris car nous n’avions pas vu ça depuis notre arrivée au Nicaragua. Nous avons ressenti et observé une différence de culture entre León et la côte est. Les deux régions longeant la mer des Caraïbes sont des régions autonomes. Les habitants de l’île sont majoritairement des descendants d’esclaves africains issus du commerce triangulaire, comme dans de nombreuses îles des Caraïbes. Ils parlent principalement anglais et créole, ce qui nous a rappelé le Bélize.

Nous sommes repartis de Little Corn le jeudi matin, jour de ferry de retour sur le continent. Malgré un réveil 5h pour avoir une chance d’avoir une place parmi les quarante disponibles dans le seul bateau qui fait la liaison vers Big Corn à 6h30, toutes les places étaient déjà vendues quand nous sommes arrivés au ponton une demie-heure plus tôt… Nous avons eu une petite frayeur mais nous étions nombreux dans la même situation. La compagnie a finalement décidé de faire un deuxième trajet pour rapatrier tout le monde sur la grande île et permettre à ceux qui le souhaitaient de prendre le ferry vers le continent. Il n’y a que deux ferries par semaine entre les îles et le continent : mercredi et samedi vers les îles, jeudi et dimanche dans le sens inverse, toujours à 9h. Nous sommes arrivés sur Big Corn en petit bateau juste à temps pour embarquer sur le ferry.

Après six heures de traversée, nous sommes arrivés en milieu d’après-midi à Bluefields. Deux options s’offraient à nous : y passer la journée et prendre un bus de nuit (comme à l’aller) ou prendre un bus directement, ce qui nous ferait arriver tard à Managua. Nous n’avons tellement pas aimé Bluefields lors de notre premier passage que nous avons voulu partir directement. Nous avons donc enchaîné six heures de bateau avec quasiment huit heures de bus. Nous sommes arrivés à Managua vers minuit, fatigués mais content de passer la nuit dans un vrai lit !

Mes conseils

  • Ne pas prévoir une nuit sur Bluefields et prendre le bus de nuit la veille du ferry car la ville est peu accueillante et n’a pas grand intérêt.
  • A l’arrivée sur Big Corn, prendre directement le bateau (de 16h) pour rejoindre Little Corn.
  • Les horaires de bus et des différents bateaux sont adaptés pour que les correspondances soient possibles et fluides (pas de stress). Le bus de nuit est prévu pour arriver avant le départ du ferry. Le second bateau pour aller sur Little Corn part après l’arrivée du ferry sur Big Corn. 
  • Pour un séjour sur Big Corn, débourser un peu plus et choisir un hôtel ou une auberge près de la plage car l’île est très grande.
  • Pour info, il est également possible de rejoindre Big Corn en avion. Les voyageurs rencontrés ayant choisi cette option déboursaient en moyenne 150€ pour l’aller-retour (contre 32€ en bus et ferry).

Tu connaissais ces îles du Nicaragua ? J’ai réussi à te convaincre que ça ressemble à un petit paradis ?

León, entre églises et volcans

Après notre long périple en bus pour arriver jusqu’à León, nous avons fait l’une des premières grasses mat’ du voyage en nous réveillant à 9h. Nous avons été accueillis avec un petit-déjeuner typique : gallo pinto (mélange de riz et haricots rouges), œufs brouillés et tartines de pain avec beurre et fromage. 

Nous avons arpenté les rues de la ville sous une chaleur écrasante. Il faisait déjà 30°C dans la matinée mais j’ai beaucoup aimé l’ambiance dans cette ancienne capitale, avec ses bâtiments colorés et ses nombreuses églises. Je m’y suis tout de suite sentie bien et les Nicaraguayens m’ont paru très chaleureux — même s’il faut l’avouer, c’est un peu déroutant au début de se faire appeler « mi amor » par les vendeurs à chaque coin de rue. 

Le deuxième jour, nous avons passé toute la journée avec Luis, guide local que je recommande à 100% pour sa gentillesse et son professionnalisme. Nous avons commencé la journée avec un guide et nous l’avons terminée avec un ami. Il travaille pour l’agence Maribios Tours qui collabore avec notre auberge Hostal Fachente. N’hésite pas à le contacter de ma part pour des excursions dans la région : +505 8845 9727. Pour info, tu peux bénéficier d’une petite ristourne en séjournant dans cette auberge, qu’on a trouvé très bien.

Le matin, nous avions rendez-vous pour l’attraction du coin, une expérience unique au monde : le volcano boarding, ou faire de la luge sur un volcan ! Tu en avais déjà entendu parler ?

Après 1h de route, nous sommes arrivés sur le site de Cerro Negro, littéralement la Colline Noire. Le paysage est impressionnant, c’est une étendue de sable noir, ou plus précisément de poussière de roche volcanique. On se croirait un peu sur la lune. C’est la composition du volcan et les caractéristiques mixtes de son sol qui le rendent unique. Il n’est possible de faire de la luge sur aucun autre volcan dans le monde. 

Luis est un fin connaisseurs des volcans, il a pris le temps de nous partager son savoir, autant sur les propriétés géologiques que sur l’historique du site. Après avoir observé les différents cratères, nous avons enfilé nos tenues de riders : combinaison, lunettes et gants de protection. La pente était très impressionnante déjà vue d’en bas mais aussi d’en haut. J’ai hésité à y aller mais quitte à être là, autant se lancer ! En fait, on s’assoit sur la planche en bois dont le dessous est métallique, avec les pieds à l’extérieur pour contrôler sa vitesse. Pieds à plat et dos penché en arrière pour aller à fond, pieds levés pour freiner avec les talons. Me voilà partie pour 500m de descente à environ 40km/h. C’était génial, j’ai adoré l’expérience ! Luis nous a tous pris en photo et en vidéo lors de la descente puis sa petite équipe nous a offert un snack avec des pastèques bien fraîches avant de reprendre la route pour rentrer à León.

Nous avons continué notre journée avec Luis en partant l’après-midi en excursion privée (personne d’autre n’avait réservé ce jour-là) pour observer le coucher de soleil du haut du volcan Telica. Quasiment deux heures pour parcourir une trentaine de kilomètres en 4×4 dans les chemins de terre, cette route est officiellement élue la route la plus difficile qu’on ait connue en ce début de voyage. On y a croisé des locaux avec leurs vaches, leurs chevaux et leurs charrettes, comme un air d’anciens temps. On ne savait pas à quoi s’attendre en grimpant le volcan car le but de la visite au départ était plutôt le coucher de soleil. Mais nous avons été très agréablement surpris de découvrir un cratère fumant de 250m de profondeur et 700m de diamètre. Ça sentait le soufre pendant l’ascension, cette odeur d’œuf pourri dégagée par les gaz présents dans les volcans.

Nous sommes ensuite descendus dans une petite grotte pleine de chauves-souris avant de nous poser tranquillement sur une pierre pour admirer la vue et les lumières changeantes de fin d’après-midi. Luis nous a offert un goûter local, boisson et prisionero (littéralement prisonnier). On comprend aisément l’origine du nom en voyant la forme et les bandes de pâte feuilletée assemblées comme des barreaux, emprisonnant la confiture d’ananas. Ce n’est pas mauvais mais un peu trop sucré pour moi. Nous avons aussi goûté une empanada (sorte de beignet) au fromage et au sucre, la gourmandise préférée de Luis. Le goût n’est pas aussi surprenant que cela puisse paraître vu le mélange mais encore trop sucré pour moi. Nous sommes rentrés à l’auberge en début de soirée après une grosse journée avec des étoiles dans les yeux et des souvenirs déjà plein la tête (sans oublier la poussière partout).

Une très belle entrée en matière au Nicaragua ! Luis a confirmé mon premier ressenti sur l’accueil chaleureux des Nicaraguayens.

Un seul regret, ne pas être montée en haut de la cathédrale blanche (nous n’avions pas vu que c’était possible). Sur les photos de nos amis voyageurs suivant le même parcours avec quelques jours de décalage, la vue paraissait si jolie et poétique.

Du Guatemala au Nicaragua : traverser trois frontières en minibus

Après s’être dorés la pilule sur la côte Pacifique, nous sommes revenus à Antigua pour prendre une navette direction notre prochain pays : le Nicaragua. Cette fois-ci, c’était sur la liste de départ ! Dans notre temps limité, nous avons choisi de ne pas nous arrêter au Salvador ni au Honduras. Nous avons seulement traversé les frontières terrestres. Ça sera peut-être pour une prochaine fois !

Nous avons réservé la navette à Antigua pour aller jusqu’à León, la première grande ville du Nicaragua. Nous sommes passés par l’agence Barco Expeditions, qui nous avait été recommandée par des voyageurs ayant fait le trajet dans le sens inverse et qui proposait le meilleur prix (1200 quetzals / 140€ pour deux).

Nous avions rendez-vous dans la nuit du dimanche au lundi, à 2h30 du matin : courte nuit en perspective. Nous avons réussi à trouver un accord avec l’auberge dans laquelle nous étions quelques jours plus tôt, Adra Hostel. Ils nous ont laissé l’accès aux parties communes et nous ont fourni des couvertures gratuitement pour passer la soirée au chaud. C’était vraiment adorable de leur part. Cette auberge était l’une de mes préférées du voyage, avant même ce service rendu. Je te la conseille sur Antigua. C’est bien placé, moderne, propre et le cadre est cosy avec le feu dans la cour en soirée. Il n’y a pas de cuisine mais le restaurant est très bon (le petit déjeuner est inclus). Et pour rappel, il y a le trio gagnant ! Si tu ne sais pas de quoi je parle, c’est que tu n’as pas lu mon article précédent (alors clique sur le lien).

Aux premières heures du lundi 21 mars, nous embarquons pour plus de vingt heures de bus. N’étant que trois au départ, nous avons pu nous allonger sur les banquettes pour récupérer quelques heures de sommeil. Nous sommes arrivés à la frontière du Salvador, au petit matin sur les coups de 6h. Nous sommes descendus une première fois pour obtenir notre tampon de sortie du Guatemala puis une seconde quelques centaines de mètres plus loin pour notre entrée au Salvador. Il n’y avait aucune restriction liée au covid donc c’était assez simple et rapide. Nous avons pu échanger nos derniers quetzals contre des dollars américains à un local au poste de frontière. Le taux était intéressant. Nous avons ensuite longé la côte salvadorienne jusqu’à El Tuco, ville réputée pour le surf, pour déposer le voyageur qui nous accompagnait et en récupérer d’autres qui allaient aussi jusqu’au Nicaragua. Le bus s’est rempli, il a fallu se serrer un peu et finir notre nuit assis. 

Arrivés à la frontière du Honduras, nous avons changé de bus avec un groupe de voyageurs faisant le trajet dans le sens inverse. Cela permet aux chauffeurs de faire demi-tour et rentrer chez eux. Il semblerait également que ce soit plus facile de traverser avec un bus immatriculé au Nicaragua.

Depuis notre passage, nous avons entendu de nombreux récits sur les difficultés rencontrées lors du passage de cette frontière. Je ne sais pas si ce sont des voyageurs malchanceux ou si nous avons été chanceux mais notre passage a été plutôt rapide. Nous avons dû payer la taxe de sortie du Salvador (2$ US) puis la taxe d’entrée au Honduras (3$ US). Après la grande surprise lors de notre sortie du Bélize, il semblerait finalement que ce soit monnaie courante de payer ces taxes d’entrée et de sortie de territoire. Nous avons ensuite montré nos tests PCR à un premier bureau avant d’entrer dans le bureau de l’immigration pour faire tamponner nos passeports. Sur internet, il est indiqué qu’il faut s’enregistrer en ligne une semaine avant le passage de frontière mais l’agence ne nous l’avait pas demandé et rien de tout ça n’a été vérifié. Notre chauffeur nous a bien accompagné dans les démarches, ce qui nous a facilité la tâche.

Trois heures de route nous séparaient de l’entrée au Nicaragua. Nous avons de nouveau payé une taxe de sortie en quittant le Honduras (3$ US). Puis, quelques minutes avant d’arriver au poste de frontière nicaraguayen, le chauffeur demande dans le bus si quelqu’un détient un drone. Nous en avons un et nous avons appris seulement quelques jours auparavant que c’était interdit au Nicaragua… Nous pensions le cacher dans le bus mais nous n’avons pas voulu mentir au chauffeur. Et nous avons bien fait car il nous a aidé à le faire passer ! Les bus sont aléatoirement fouillés à l’entrée et tous les bagages sont passés au scanner. Le Nicaragua étant une dictature, les règles sont très strictes. Loin de nous l’envie d’être hors-la-loi, en sachant cela nous n’avions pas prévu d’utiliser le drone sur place mais nous avions vraiment envie de le garder pour la suite de notre périple. Notre chauffeur nous a dit de déposer discrètement dans son sac à dos tous les éléments du drone (manette, batteries). Il nous a expliqué prévoir un peu d’argent enroulé dans du papier dans sa poche, au cas où il aurait besoin de soudoyer le douanier, somme qu’on devrait ensuite lui rembourser.

Nous avons passé les bagages au scanner et attendu sur le côté qu’il s’occupe de toutes les formalités auprès de l’immigration : tests PCR, passeports, formulaires de déclaration des biens. C’était un peu stressant car tout semblait très strict. Les tests PCR, par exemple, devaient être au format papier, en couleur, avec QR code et facture. Le nôtre n’avait pas de QR code mais c’est passé. De nombreux voyageurs utilisent des tests falsifiés car c’est un coût (90€ par personne). Je crois d’ailleurs que des tests ont été « fabriqués » entre le Honduras et le Nicaragua pour certains passagers du bus qui n’en avaient pas… Ayant déjà un drone, nous avons choisi la sécurité et l’honnêteté sur ce point. Dans tous les cas, je ne suis pas à l’aise avec les sujets de contournement de loi, je préfère toujours être réglo. Notre bus n’a finalement pas été fouillé et le chauffeur n’a pas eu à soudoyer le douanier, qui n’a pas vérifié son sac à dos.

La taxe d’entrée au Nicaragua est de 10$ US. Comme pour le Honduras, même si la procédure détaillée sur internet demande de s’enregistrer en ligne et d’envoyer une copie du test PCR par mail quelques jours avant le passage de frontière, ça n’a pas été vérifié ni demandé. Nos passeports n’ont pas été tamponnés mais nous avons obtenu un reçu papier attestant du paiement de la taxe et du passage de frontière. Il est conseillé de le garder précieusement jusqu’à la sortie. En tout, nous aurons dépensé 18$ US dans les taxes aux frontières. Le dollar américain est une monnaie de référence sur le continent, elle est très utilisée et c’est parfois la seule acceptée pour payer ce type de taxes. Je vous conseille d’en avoir toujours un minimum sur vous dans ces destinations (environ 50$).

Soulagés que tout ce soit bien passé, nous avons repris la route pour un peu plus de deux heures jusqu’à León. La navette nous a déposé devant notre auberge Hostal Fachente vers 22h et nous n’avons pas tardé à dormir pour nous remettre de ce long voyage éprouvant !

L’article est un peu long mais à l’image du trajet. J’espère que ça pourra t’aider si tu as pour projet de faire le même, que ce soit dans le même sens, en sens inverse ou en partie. Hâte de te partager la suite de notre parcours au Nicaragua, que nous avons traversé du nord au sud et d’ouest en est.

L’ascension d’un volcan en activité

Nous avons quitté la famille d’Enli au bord du lac Atitlán pour une nuit chez celle de Catalino dans le petit village de San José Calderas. 

Nous ne sommes pas venus ici par hasard. Catalino habite au pied du volcan Acatenango, une étape quasi obligatoire au Guatemala. De nombreux voyageurs que nous avons rencontrés, notamment au Mexique, nous ont parlé de cette expérience incroyable. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons ajouté ce pays à notre liste (avec Semuc Champey).

Via son association Asoava, Catalino organise des randonnées pour gravir le volcan, qui permettent de faire vivre dix-sept familles du village. Il est très fier de soutenir la communauté locale avec ce projet qu’il a lancé en 2014. Catalino est un agriculteur amoureux de la nature et de sa région, toujours enjoué. Il a l’énergie d’une pile électrique ! Impossible de ne pas rire ou sourire à ses côtés. Sa rencontre a instantanément atténué la fatigue du trajet.

Cette expérience est proposée par de nombreuses entreprises et associations autour d’Antigua. Ce n’est pas toujours évident de savoir si on fait le bon choix car les prix varient beaucoup aussi. Nous avons choisi Asoava qui nous a été recommandée par une connaissance passée par-là quelques mois plus tôt. Nous étions contents de pouvoir dormir chez le guide et de rester en immersion dans une famille. Quand Catalino nous a expliqué les impacts de son projet sur l’économie de son village, nous avons compris que notre choix était le bon.  

Le dîner en famille était loin d’être intimiste puisque nous étions treize randonneurs à dormir chez Catalino mais j’ai beaucoup aimé ce moment de partage qui a amorcé une bonne cohésion de groupe pour l’ascension du lendemain matin. Arrivés en pleine coupure d’électricité, nous nous sommes éclairés et réchauffés avec un petit feu de camp et quelques chamallows grillés dans la cour de la maison. Nous avons fait connaissance avec les huit autres français, un italien, une brésilienne et un néozélandais. Une fois l’électricité revenue, nous avons partagé un bon dîner tous ensemble avec un chocolat chaud maison (pâte de cacao fondue dans de l’eau). Catalino nous a expliqué le déroulé de la randonnée et les projets de son association. Après nous être levés à 4h le matin même, nous étions très fatigués, j’avais hâte d’aller dormir !

Je me suis écroulée et j’ai dormi comme un bébé jusqu’au réveil. Nous avions rendez-vous à 7h45 pour prendre des forces avec un petit-déjeuner typique : œufs brouillés, pâte d’haricots rouges, pain et guacamole. Nous avons fait nos sacs et l’équipe de Catalino nous a distribué le matériel : gants, bonnet, manteau, bâtons de marche et sac de pique-nique. Pour la tenue de marche, je voulais à la fois être à l’aise et couverte. J’ai porté tous mes vêtements techniques en laine mérinos : le collant (avec un short en toile par-dessus), le T-shirt et le sous-pull. J’avais aussi prévu ma polaire, un pull classique et un jogging pour rester au chaud sur le camp. Spoiler alert : j’ai utilisé toutes mes couches. Il fait froid en haut ! 

La marche a commencé vers 9h30, sans trop de transition entre le plat de la route bitumée menant à l’entrée du parc et la pente des premiers chemins de terre. Au bout d’une demie-heure, je me suis sentie un peu essoufflée. J’ai sorti la Ventoline de mon sac pour la garder près de moi et j’ai mesuré l’ampleur de ce que je m’apprêtais à faire. Gravir le troisième plus haut volcan du Guatemala et d’Amérique Centrale, culminant à plus de 3900 mètres d’altitude. 

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis asthmatique depuis toute petite et je peux aléatoirement avoir besoin d’une dose d’inhalateur pour mieux respirer, après un effort ou même un fou rire. Ça ne prévient pas mais ces derniers temps ça allait beaucoup mieux. C’est d’ailleurs l’une des premières fois du voyage où j’ai eu besoin d’en prendre. Je ne voulais pas me dire que j’étais mal partie et me décourager si vite. Trêve de bavardages, on aura tout le temps en haut pour discuter et rigoler. J’ai repris mon souffle et je me suis concentrée pour respirer et avancer à mon rythme. La montée était bien rude, le bâton de marche était un outil précieux. J’ai cru abandonner et faire demi-tour au bout de deux heures… Et je me suis rappelée que j’étais venue au Guatemala pour vivre cette expérience, que je n’aurais peut-être pas d’autre occasion d’approcher de si près un volcan en activité. Et j’aurai été tellement déçue de ne pas aller au bout. Alors je me suis ressaisie. C’est fou comme le mental peut prendre le dessus sur le corps ! Je reprenais des forces pendant les pauses : bien s’hydrater et un peu de sucre pour le carburant. Nous avions prévu quelques provisions, une mangue coupée en morceaux dans nos supers contenants pliables et des gâteaux. Nos trois guides étaient très professionnels, ils ont su s’adapter à chacun tout en gardant l’ensemble du groupe uni.

À midi, nous avions fait un peu plus de la moitié du chemin. Nous avons pris une heure pour déjeuner. Au menu : poulet, riz et légumes vapeur, cuisinés par l’une des dix-sept familles impliquées dans le projet. 

Au même moment, les rayons du soleil ont réussi à percer la brume et l’humidité ambiantes et nous avons enfin pu apercevoir le bleu du ciel. Quand nous avons repris l’ascension, le paysage de montagne a commencé à se dessiner plus distinctement : reliefs, grands pins et enfin… le pic du Fuego au loin dans les nuages ! C’est aussi ça qui est magique dans cette expérience : cinq heures de montée sans savoir s’il y a de la visibilité en haut. Tout remettre entre les mains de notre imprévisible Mère Nature (et miser un peu sur la chance).

Nous sommes arrivés au campement situé à 3700 mètres d’altitude vers 14h30. Et la récompense ne s’est pas faite attendre : le Fuego nous a accueillis avec une succession de nuages de fumée. C’est l’un des volcans les plus actifs du continent. Comment ne pas être émerveillé ? C’est là qu’on se dit qu’on n’a pas souffert pour rien et qu’on est heureux d’avoir atteint notre but. D’ailleurs, malgré l’altitude, je n’ai plus eu besoin de ma Ventoline après l’épisode essoufflé du début. C’est aussi une petite victoire pour moi.

Après deux petites heures à admirer le spectacle, les cinq plus valeureux du groupe sont repartis en vadrouille, direction la crête du Fuego pour voir les éruptions de plus près. Eh oui, qui aurait cru que j’en ferais partie ? Après avoir tout donné pendant plus de cinq heures, j’ai enchaîné sur une deuxième randonnée, pas peu fière d’autant me surpasser. La montée du Fuego était plus courte (1h30) mais beaucoup plus difficile car bien plus inclinée. Malheureusement, à mi-chemin le ciel a commencé à se couvrir et à occulter le pic du volcan… On a fait deux pauses longues en espérant le retour de meilleures conditions. Pendant la deuxième, pratiquement en haut, le vent s’est levé, il faisait de plus en plus froid et on recevait beaucoup de poussière sur nos visages. Impossible de poursuivre. Nous avons dû faire demi-tour à la tombée de la nuit sans avoir pu voir ce que nous étions venu chercher… Mais ça fait partie du jeu. On se tenait les uns aux autres pour résister au vent et ne pas vaciller. C’était aussi une question de sécurité.

En rentrant, un bon dîner chaud nous attendait autour d’un feu de camp. Nos compagnons restés au campement n’ont pas pu profiter de la vue non plus, la brume et les nuages s’étant imposés sur l’ensemble du panorama. Le ciel s’est de nouveau dégagé dans la soirée et nous avons enfin pu voir quelques explosions de lave et de fumée. Heureuse mais gelée, je me suis couchée très tôt en rejoignant la tente vers 21h30. Contrairement à d’habitude, les explosions étaient très espacées. En effet, le volcan était en phase d’accalmie depuis une forte explosion ayant entraîné l’évacuation des villages alentours une dizaine de jours auparavant pour éviter un drame aussi meurtrier qu’en 2018. Certains voyageurs ont eu la chance de pouvoir entendre des explosions et voir des coulées de lave beaucoup plus impressionnantes, avec une fréquence très réduite pouvant atteindre tous les quarts d’heure.

L’expérience ne s’arrête pas là puisque vers 3h30 du matin, les guides nous réveillent pour reprendre l’ascension et admirer le lever du soleil depuis le sommet. Environ deux cents mètres de dénivelé et une bonne heure de marche difficile, nous ont-ils prévenus. Seuls trois courageux se sont motivés. Cette fois-ci, nous n’en faisions pas partie. Fatigués de tous les efforts de la veille et notamment l’ascension vaine sur la crête du Fuego, nous avons décidé de rester au camp pour nous reposer. J’avais quand même mis mon réveil à 5h du matin pour voir le soleil se lever. J’ai ouvert les yeux devant une magnifique explosion de lave, sur un ciel s’éclaircissant peu à peu et un soleil offrant un magnifique spectacle de variations de couleurs et de lumières. Ce lever de soleil restera sans aucun doute gravé pendant longtemps comme le plus beau que j’ai pu voir dans ma vie. C’était magique de se réveiller devant ce calme et cette immensité de la nature. Nous sommes restés allongés dans la tente, bien au chaud dans nos sacs de couchage, porte ouverte et tête vers l’horizon pendant près de deux heures, à s’émerveiller. 

Nous avons ensuite pris notre petit-déjeuner avant d’entamer la descente vers 8h. Cette étape est bien plus rapide (2h30) mais il faut faire attention à ne pas glisser. On y croise aussi la relève, des randonneurs tout frais et motivés, curieux de savoir si le spectacle était à la hauteur des efforts fournis. 

Nous avons retrouvé Catalino qui nous a tous félicités et remerciés d’avoir choisi son association pour faire cette ascension. Nous avons repris la route vers Antigua en fin de matinée. A notre arrivée, nous nous sommes quelque peu précipités dans la douche de notre auberge. Je n’avais pas enlevé mes chaussettes pendant plus de 24h mais je n’avais jamais eu les pieds aussi noirs. On avait de la poussière partout ! Sous les ongles, dans les cheveux emmêlés, dans le nez et sur le visage. Quel bonheur de tomber, sans le savoir, sur ce que nous avions nommé avec nos compagnons de randonnée la veille, le trio gagnant : eau chaude, pression et mitigeur. Une denrée rare au Guatemala et en Amérique Centrale ! Une fois tout propres, nous nous sommes offert un bon burger dans le restaurant de l’auberge pour nous féliciter. Nous sommes allés porter nos affaires à la laverie puis nous avons passé le reste de l’après-midi à se reposer à l’auberge. J’ai eu très mal aux genoux la première journée mais assez peu de courbatures.

Découverte de l’ancienne capitale

Dès le lendemain, ça allait déjà mieux. Poursuivant sur notre lancée, nous avons beaucoup marché et déambulé dans les rues d’Antigua Guatemala, l’ancienne capitale. Nous avons beaucoup aimé cette ville joyeuse et colorée, témoin d’une belle architecture coloniale.


C’est fou, à l’heure où j’écris ces mots, ça fait déjà un mois que nous sommes redescendus de l’Acatenango mais je ne suis pas redescendue de mon nuage. J’ai encore des étoiles plein les yeux. C’était extraordinaire ! Je me sens très chanceuse mais aussi très fière d’avoir vécu ça, d’être allée au bout.

N’oubliez pas cette étape incontournable si vous êtes de passage au Guatemala !

Repos sur la côte Pacifique

Nous avons ensuite pris quelques jours de repos bien mérité sur la côte Pacifique, dans une auberge en bord de plage. Mon copain avait encore assez de forces pour se confronter aux vagues sur une planche de surf. Moi, je me suis globalement confrontée aux hamacs. J’ai pris du temps pour moi, j’en ai profité pour bouquiner et avancer sur mes articles. Nous avons retrouvé par hasard Aniek, notre acolyte néerlandaise (on se suit depuis le Bélize), ainsi que d’autres français qui étaient avec nous pour l’ascension, autour de quelques bières et quelques soirées pour clôturer le séjour en beauté. 


J’ai adoré le Guatemala, alors qu’il n’était pas sur notre liste de départ. Diversité des paysages, richesse culturelle, générosité des locaux, je ne peux que vous conseiller d’y passer si vous prévoyez de visiter l’Amérique Centrale. Un vrai coup de cœur !

Une semaine au sein d’une famille guatémaltèque

Le bus mystérieux

Après un bref passage à Antigua le temps d’une nuit dans une auberge pour nous remettre de nos dix heures de bus, nous avons repris la route direction le lac Atitlán. Toute une expédition puisque nous avons eu l’impression d’attendre un bus secret.

En recherchant sur internet, j’ai trouvé plusieurs témoignages sur des blogs de voyage concernant les difficultés pour se rendre à Atitlán en chicken bus. Deux options étaient présentées : prendre le seul bus direct vers Panajachel avec un départ à 7h du matin ou enchaîner trois changements différents. Fidèles au témoignages, la veille de notre départ, les locaux près de la gare routière ont nié l’existence de ce bus direct. Un bus qui ne passerait plus depuis le début de la pandémie alors que les témoignages sur les blogs dataient d’à peine quelques mois. Il y a une très forte concurrence sur les chicken bus car plusieurs bus partent parfois en même temps à la même destination et les trajets sont opérés par des compagnies différentes. C’est à celui qui transportera le plus de passagers pour être le plus rentable, donc pas question de conseiller un bus concurrent.

Nous avons tout de même choisi l’option matinale du bus direct. Levés à 5h, nous sommes partis une demie-heure plus tard en direction de la gare routière pour mettre toutes les chances de notre côté. Non seulement, on n’était pas sûr que le bus passerait, mais en plus personne ne sait exactement d’où il part et il semblerait partir parfois en avance. A l’approche de la gare routière à l’aube, un local qui nous aperçoit avec nos gros sacs nous demande si nous cherchons le bus à destination de Panajachel. Il nous indique le lieu de départ et le nom du bus. Nous regagnons tout de suite espoir.

Nous avons petit-déjeuné sur le bord de la gare routière, regardant défiler les chicken bus tous aussi bariolés les uns que les autres. Mais plus l’heure tournait, plus notre espoir se dissipait. Les chauffeurs aux alentours n’arrêtaient pas de nous aborder et de nous dire qu’il n’y avait que l’option avec changements… Persévérants, nous avons attendu jusqu’à 8h30 au cas où le bus passerait cette fois-ci avec du retard. Puis nous nous sommes résignés à monter dans le premier des quatre bus menant à destination.

Le trajet s’est finalement très bien fait, en trois heures et demie, car les changements s’enchaînaient parfaitement. A peine le bus s’arrêtait que nous montions dans le suivant. Pour terminer, nous avons pris un bateau pour traverser le lac jusqu’à San Pedro La Laguna. 

L’accueil en famille

Nous avions prévu de passer une semaine au sein d’une famille et d’une école pour que mon copain puisse prendre des cours et améliorer son espagnol. Nous sommes passés par la Lake Atitlan Spanish School, conseillée par une voyageuse rencontrée plus tôt sur notre parcours. 

Le Guatemala est très réputé pour ses séjours en famille et ses écoles d’espagnol. C’est proposé tout autour du lac mais aussi à Antigua. Je conseille vraiment cette expérience pour le partage de culture et de valeurs. C’est aussi un bon moyen de séjourner de manière économique car la semaine chez l’habitant nous a coûté environ 160€ pour deux avec trois repas par jour inclus. Les deux heures de cours par semaine ont coûté 70€ (il est possible de faire jusqu’à cinq heures par jour). Le cadre est exceptionnel, professeur et élève sont installés en tête à tête dans des cahutes avec vue sur le lac.

Nous avons été accueillis par Freddy, le fils de seize ans, qui nous a accompagné à pied jusqu’à la maison en haut de la colline. Il y a très peu de voitures dans les communes avoisinant le lac, les locaux préférant les scooters plus habiles dans les petites rues pavées ou les taxi tuktuk. 

Découverte de la maison, le portail menait au fond d’une impasse donnant sur une petite cour et une grande bâtisse jaune sur trois niveaux : salon et chambre parentale au premier avec cuisine séparée, trois chambres dont la nôtre au second et la réserve d’eau sur le toit terrasse au troisième, offrant une vue sur le lac et la montagne célèbre dont la forme lui a donné le nom de « visage maya ». 

Nous avons rencontré Enli, qui vit seule avec ses deux garçons Freddy et Caleb, le petit dernier de neuf ans. C’est une femme douce et dévouée à ses enfants, dont l’histoire m’a beaucoup touchée. Nous avons passé pas mal de temps à discuter toutes les deux pendant la semaine lorsque mon copain était en cours. Elle a arrêté de travailler après trois ans de mariage, à la demande de son mari pour s’occuper de la maison et des enfants. C’est une vision et un fonctionnement de la famille encore très répandu au Guatemala. Après plus de vingt ans de vie commune, il y a quatre ans, son mari a quitté la maison un matin sans jamais revenir. Il s’est installé avec une autre femme et elle s’est retrouvée seule et sans ressources avec ses trois enfants. Elle a fait d’un passe-temps son métier en devenant couturière et a commencé à devenir famille d’accueil pour les étrangers pour gagner sa vie et s’en sortir. Son mari est décédé il y a deux ans après avoir sombré dans l’alcool. Aujourd’hui, Enli a tourné la page de cette période difficile et semble épanouie de faire découvrir sa culture et heureuse de compter de nombreux amis aux quatre coins de la planète.

Il est de coutume au Guatemala de ne pas quitter le cocon familial et de vivre en famille. Toutes les maisons autour sont habitées par des membres de la famille du mari ; père, frère, sœur, grand-mère, qui ont tous soutenu Enli lors de son départ. Mais l’aînée de la fratrie, portant aussi le nom d’Enly (avec un y), mariée à Edgar et maman d’une petite Zoe de sept ans, vit avec sa petite famille dans l’hôtel où elle travaille, un peu plus bas dans le village. Dans le monde moderne, Enly et Edgar ont suivi les diverses opportunités de travail qui s’offraient à eux. D’ailleurs, Enly était l’une des seules femmes que nous avons croisées qui ne s’habillait pas en tenue traditionnelle, plus à l’aise en jean baskets.

La vie quotidienne 

Nous sommes arrivés le dimanche, jour de messe matin et soir. Enli nous a proposé d’accompagner la famille à l’église à 19h après le dîner. Nous avons accepté volontiers, ce qui nous a tout de suite plongé dans les traditions de la famille. Chacun était habillé en tenue traditionnelle : Enli et Zoe avec la blouse blanche typique de San Pedro, la jupe et la ceinture épaisses à motifs et Caleb portait un polo typique noir à motifs colorés. L’église était très jolie et travaillée à l’extérieur, avec des arches lumineuses. L’intérieur était très spacieux et lumineux, presque vide. Pas d’ornement sur les murs, de croix, d’autel, de vitraux, d’images ni de statue. Ça ressemble à une grande salle des fêtes. Enli nous a expliqué que c’était classique dans les églises évangéliques baptistes. La messe a duré environ une heure pendant laquelle le pasteur a prêché la bonne parole et nous a même souhaité la bienvenue devant tout le monde. Puis plusieurs groupes de fidèles ont chanté à tour de rôle, dont les enfants. Enli nous a prêté sa bible et son livre de chansons pour que nous puissions suivre. Je ne suis pas habituée des églises car je ne suis pas croyante mais j’ai bien aimé ce moment, c’était très joyeux. 

La semaine recommence le lundi comme chez nous. Enli se lève tous les jours à 5h du matin pour préparer le petit-déjeuner de ses enfants, qui ont rendez-vous à l’école à 7h pétantes. Nous descendions déjeuner avec elle vers 8h. Elle nous préparait chaque jour un petit-déjeuner différent fait maison. Le premier jour, nous avons eu des pancakes délicieux et les jours suivants des petits-déjeuners salés plus traditionnels, souvent à base d’œufs et d’haricots rouges. Je suis une adepte du petit-déjeuner sucré en temps normal mais je me suis bien habituée. Ici, on boit beaucoup de café, adultes comme enfants, un peu tout au long de la journée. Mais je suis restée au thé car je n’en bois pas. Un matin, Enli nous a préparé une boisson chaude traditionnelle appelée mosh, à base de lait, sucre et blé. C’était doux, j’ai bien aimé.

Nos petits déjeuners de la semaine

Le lundi, c’est aussi jour de courses pour Enli. Nous l’avons accompagnée au marché. J’ai adoré, on y trouve de tout : variétés de fruits et légumes, herbes aromatiques, viandes, poissons et même certains stands d’épicerie. Tantôt dehors, tantôt dedans, la petite ville de San Pedro s’agite et les tuktuk déambulent aux alentours pour ramener chez eux les habitants chargés de courses. On y croise surtout des femmes, en tenue traditionnelle. Elles se saluent et parlent entre elles en tsutujil (prononcer « tsoutouril ») , la langue maya du coin, avec certaines sonorités proches de l’arabe, notamment le k dans le fond de la gorge.

Nous avons d’ailleurs appris quelques mots au fil de la semaine : 

  • Bonjour : sak’ari
  • Bonsoir : shoc a(g)a
  • A demain : chuak’chic
  • Au revoir : naan 
  • Merci : maltiox (le « x » se prononce « ch »)
  • Super/tout va bien : uts
  • C’est bon : ki’

Enli retourne au marché les jours où elle veut cuisiner de la viande pour qu’elle soit toujours fraîche. Je la comprends car ici, les poulets sont étalés sur des stands à l’air libre derrière lesquels le vendeur agite une branche de feuilles pour chasser les mouches.

A 13h, les enfants rentrent de l’école pour déjeuner. Ils n’y retournent pas l’après-midi, ce qui leur laisse du temps pour faire leurs devoirs ou les activités extra-scolaires. Caleb fait du tennis, du foot et de la batterie. Freddy fait aussi du foot et de la batterie. Il est très sérieux et passait beaucoup de temps dans sa chambre à étudier pour les examens de la semaine suivante. Il est au lycée option dessin technique pour intégrer ensuite une école d’architecture. 

L’anniversaire de Zoe

Cette semaine, nous avons aussi préparé l’anniversaire de Zoe. C’était marrant à voir car j’ai trouvé la façon de faire très américaine (hormis la piñata bien sûr). La fête est organisée autour d’un thème avec décoration et gâteau personnalisés. Enly ne travaillant pas en ce début de semaine, elle nous a souvent rendu visite pour s’atteler aux préparatifs de la fête qui aurait lieu dans la petite cour de la maison familiale. J’ai beaucoup aidé quand mon copain était en cours d’espagnol. Nous avons préparé des gelées quelques jours avant, le temps qu’elles prennent au frais. C’est une sucrerie très appréciée par les enfants ici. Nous avons gonflé des ballons pour les assembler en arche, découpé des petits personnages en papier, préparé le bâton de piñata, assemblé les chapeaux en carton, etc. Une vraie fête de princesse sur le thème de La Petite Sirène ! (Sirenita en espagnol)

La fête démarrait à 15h. Tous les camarades de classe étaient invités, environ 27 enfants. Une fois tous présents, ils se sont assis en ronde dans la cour. Enli est devenue animatrice d’un jour. Elle a invité les enfants à réciter une prière avant de commencer la fête puis les a fait danser sur une chanson enfantine avec chorégraphie. Elle avait organisé des jeux avec des ballons pour faire gagner des bonbons : un parcours à la file indienne chacun séparé par un ballon qu’il ne faut pas faire tomber puis un concours d’explosion de ballon en s’asseyant dessus.

Avant le goûter, c’est la tradition de la piñata. Honneur à Zoe de donner les premiers coups pendant que tous chantaient une chanson. Quand la chanson se termine, c’est au suivant de venir taper la piñata, et ainsi de suite jusqu’à ce que la piñata s’ouvre et lâche une pluie de bonbons ! Malheureusement, la corde sur laquelle était attachée la piñata a cédé et elle est tombée. Edgar, le papa de Zoe, est alors monté sur une chaise pour l’ouvrir et faire la pluie de bonbons. Tous les enfants ont accourus dans le jardin pour récolter le plus de bonbons ! Enfin, c’est l’heure de chanter joyeux anniversaire, souffler les bougies et manger le gâteau. Il y a deux chansons d’anniversaire : une religieuse et celle sur l’air qu’on connaît, qui ici se termine par « on veut manger du gâteau ».

Les enfants ont apporté chacun leur tour leur cadeau à Zoe en lui souhaitant personnellement un joyeux anniversaire et en la prenant dans leurs bras. C’était assez touchant. Puis ils se sont tous assis à table pour le goûter : pizza hawaïenne, part de gâteau, infusion d’hibiscus et gelée. Retour au calme, quand tout le monde mange, il n’y a plus un bruit. Je n’ai pas du tout aimé la gelée, ça a vraiment un goût très sucré et chimique. J’ai trouvé ça original d’avoir de la pizza au goûter, en même temps qu’une part de gâteau mais ça passait très bien. Les enfants ont continué à jouer jusqu’à 17h avant de rentrer chez eux. Puis de nombreux adultes de la famille sont passés en fin de journée pour souhaiter l’anniversaire de Zoe et partager une part de gâteau et de pizza. Zoe a ouvert ses cadeaux une fois tous ses camarades partis. Elle a été très gâtée ! J’ai beaucoup aimé cette journée, très joyeuse et au cœur de la vie de famille.

Quand j’ai demandé à Caleb quand était son anniversaire, il m’a fièrement répondu « le 16 septembre, un jour après le jour de l’indépendance ». Ça m’a marqué de la part d’un enfant si jeune. J’ai senti que c’était un événement important aux yeux de tous. Nous avons un peu discuté de ce sujet et c’était très intéressant d’avoir le point de vue des locaux, qui parlent d’invasion de l’Amérique plutôt que de conquête.

Les repas 

Pendant toute cette semaine, nous avons mangé local et fait maison. Les repas d’Enli étaient toujours très bons. Elle nous a fait découvrir de nouvelles saveurs comme le chipilín, une plante locale ou le chicharrón, de la peau de cochon grillée. 

Les jours de fêtes, on mange un bouillon ou des tamales. Ainsi, avant la fête de Zoe, nous avons mangé tous ensemble pour le déjeuner un bouillon de poulet avec du chou, du maïs, du riz et des courges. Enli avait prévu de préparer un bouillon de bœuf au départ mais elle a adapté le menu pour moi, qui n’aime pas la coriandre. C’est adorable de sa part.

Il y avait des tortillas de maïs à tous les repas, ça remplace le pain. De nombreuses familles les font elles-mêmes mais Enli n’a pas le temps ni la patience. Elle les achète au marché. J’évitais d’en manger car j’ai vraiment du mal avec le goût et l’odeur de la pâte de maïs frite depuis le Mexique… En revanche, je me suis réconciliée le dernier jour avec les tacos car Enli avait préparé un super bon guacamole et une petite salade fraîche à base d’oignons, tomates et radis pour mettre dedans. La veille de notre départ, nous avons goûté les tamales, qu’Enli a ramené du marché exprès pour nous faire goûter. Encore une fois adorable car toujours pleine d’attentions. J’explique la recette un peu plus bas.

Les activités à l’école 

Chaque jour, l’école d’espagnol proposait des activités aux élèves. Je suis contente d’avoir pu y participer et accompagner mon copain.

Le tissage traditionnel

Nous avons d’abord assisté à un atelier autour du tissage pendant lequel nous avons pu découvrir toutes les étapes de fabrication d’un vêtement de manière artisanale. Nous avons appris comment les femmes égrainent le coton, comment elles obtiennent un fil, les techniques de teintures naturelles à base de différentes plantes puis comment elles assemblent les couleurs sur une table en X pour préparer au tissage. C’était vraiment très complet. Pendant cet atelier, j’ai beaucoup pensé à Céline du blog Iznowgood qui rappelle souvent l’importance d’acheter des vêtements aux prix justes car il y a toujours des petites mains derrière. C’en était un parfait exemple. Ici, les femmes travaillent de chez elles pour pouvoir en même temps garder leurs enfants et s’occuper plus facilement du foyer. Elles peuvent ensuite apporter leurs créations à la boutique. La coopérative garantit une répartition juste des recettes : 90% du prix directement pour sa créatrice et les 10% restants pour financer les charges de la coopérative (outils, eau, électricité). Il y avait de très jolies pièces typiques et colorées.

Avant de partir, nous sommes passés dans la boutique de chocolat artisanal située juste à côté. Le cacao était vendu sous différentes formes : les fèves pour faire son propre chocolat, les coques pour faire des infusions, le chocolat par plaquette de 500g pour préparer des chocolats chauds, ou encore en petit boudin prêt à déguster, décliné dans une vingtaine de saveurs. Pour quelques quetzals, certains ont pu goûter des shots de cacao liquide frais. Nous rappelant nos propres fabrications de la semaine passée, nous n’avons pas pu résister à acheter quelques boudins : amandes, orange, raisin, sel de mer et nature. Nous en avons aussi pris pour offrir à Enli et toute sa famille. 

Cours de cuisine

Nous avons également assisté à un cours de cuisine qui se déroulait chez une famille d’accueil. Nous avons découvert les tamalitos, version végétarienne et plus petite que le tamal. A partir d’une pâte à base de farine de maïs, on ajoute de l’huile, du sel et du chipilín, l’herbe locale découverte en bouillon en début de semaine. On forme des petits boudins qu’on entoure de feuilles de maxán (prononcer « machane »). Ce sont des grandes feuilles similaires aux feuilles de bananier. Les petits boudins enveloppés sont ensuite cuits dans l’eau pendant environ une heure. La mère de famille en avait préparé à l’avance pour que nous puissions goûter, avec une sauce tomate maison. Même chose que pour les tortillas, j’ai un peu de mal avec la pâte de maïs donc ça n’a pas été une recette coup de cœur pour moi mais c’est toujours intéressant de découvrir les recettes locales et la manière dont elles sont préparées. J’ai appris plus tard qu’il existait aussi des tamales à base de riz, préparé de manière compacte en boudin, un peu comme des sushis. Une variante que j’aurais sûrement plus appréciée !

Le visage maya (Indian Nose)

Le dernier jour, l’école proposait une excursion payante avec un guide pour observer le lever du soleil sur la montagne du visage maya. Nous nous sommes donc levés très tôt le samedi pour être devant l’école à 4h. Il nous a fallu une petite heure de bus pour rejoindre le pied de la montagne dans le village de Santa Clara. L’ascension de nuit a duré environ 45 minutes. Nous avions oublié notre lampe frontale… Mais tous les autres en avaient donc ils ont pu éclairer nos pas. Notre guide nous a emmené au plus haut point de vue sur la pointe du nez. Une fois en haut, nous avons grandement apprécié le calme qui régnait et les changements de couleurs au fur et à mesure que le soleil se levait. Nous avons pris notre petit déjeuner dans ce cadre magnifique avec la vue sur le lac et les volcans, avant de redescendre au petit matin. A notre retour chez Enli vers 8h, nous avons pris un second petit déjeuner car la fatigue et la marche avaient bien creusé notre appétit ! Nous avions hésité à faire cette excursion mais nous n’avons pas regretté. Les plus aventureux pourront la faire sans guide car elle n’est pas difficile mais encore faut-il se rendre à Santa Clara en pleine nuit. 

Une fin de séjour en beauté puisqu’en début d’après-midi, nous avons repris la route direction Antigua. Nous aurions pu rester une journée et une nuit de plus mais la suite de notre programme étant grandement conditionnée par la météo, nous avons voulu être prêts pour le dimanche qui s’annonçait être le meilleur jour. 

Nous avons trouvé un bus à San Pedro avec un seul changement. Si on avait su, on aurait peut-être pu prendre ce trajet à l’aller plutôt que vers Panajachel… Mais on aura au moins profité de la vue en traversant le lac en bateau. Nous sommes descendu dans le petit village de Parramos, où nous avons rejoint notre guide et nos compagnons d’aventure pour passer un moment privilégié tous ensemble avant notre excursion riche en émotions prévue le lendemain. Ça sera l’objet de mon prochain article ! Une idée de ce que ça peut être ?


Je ne m’attendais pas à ce que cet article soit aussi long mais j’avais beaucoup de choses à dire ! C’était une semaine très riche en partage et en découvertes. J’ai essayé de l’illustrer au maximum. J’espère que le format te plaît, que ça a permis de t’emmener en immersion avec nous et que tu en as appris plus sur la vie des guatémaltèques. 

Fabriquer son chocolat au Guatemala

Comme je te le racontais dans mon article précédent, lors de notre passage à Semuc Champey nous avons participé à un atelier autour du cacao, organisé par l’éco hostel Utopia. Nous en avons appris plus sur l’arbre et son utilisation dans le monde maya puis nous avons découvert les différentes étapes de fabrication du chocolat. C’était très intéressant et plutôt facile ! Je pense que j’essayerai d’en refaire à la maison.

J’avais envie de repartager les étapes et ce qu’on a appris, pour tous les amoureux du chocolat et ceux qui n’avaient aucune idée du procédé de fabrication. Personnellement, j’étais dans les deux teams

L’histoire du cacaotier 

Le cacaotier (ou cacaoyer), contrairement aux autres arbres fruitiers, a sur ses branches des fruits de différentes maturités en même temps, du bourgeon à la fleur, au fruit (la cabosse qui contient les fèves). C’est pourquoi les mayas le considéraient comme un don des dieux, un arbre sacré. Le cacao était utilisé dans des cérémonies mais aussi dans la vie de tous les jours, notamment pour cuisiner. Par exemple, la poudre mélangée à des épices était utilisée comme boisson pour le matin, la pâte de cacao pour assaisonner la viande. Ça te rappelle peut-être un épisode avec une sauce au cacao dans un plat salé ? C’est de là que vient la traditionnelle mole, goûtée au Mexique.

Ils l’utilisaient aussi comme monnaie d’échange. Avec cinq ou six cabosses, ils pouvaient obtenir un peu de protéines (un lapin, par exemple) et il en fallait une centaine pour un esclave. Je ne savais pas que les mayas avaient des esclaves…

Ce sont les moines espagnols qui ont inventé le chocolat comme on le connaît aujourd’hui, en essayant de le rendre moins amer et plus doux, en ajoutant du lait, de la canne à sucre ou encore du miel, car ils n’aimaient pas le goût originel chez les mayas (très amer et pimenté car mélangé au piment chili). Il n’était pas possible de produire du chocolat à grande échelle il y a deux cents ans car il fallait être capable de le tempérer et il n’y avait pas de possibilité de le conserver au frais. Le beurre de cacao fond très vite, il a un peu le même comportement que l’huile de coco (dur au frais, liquide sous la chaleur). Aujourd’hui, pour faire du chocolat comme on le connaît dans le commerce, la poudre et le beurre de cacao sont séparés puis réassemblés, en y ajoutant de nombreux additifs comme le sucre et même de la parafine (même composant que la cire de bougie). Cela permet par exemple de garantir le maintien d’une barre de chocolat en un seul bloc, même en ayant un peu fondu.

Un cacaotier vit une centaine d’années. Il faut environ 45 ans pour qu’un jeune arbre produise du cacao. Pour accélérer la production, les grands producteurs font des boutures d’arbres déjà producteurs, ce qui donne des variétés différentes et explique les variations de couleurs de cabosses. Ce processus permet d’avoir des fruits sur un arbre au bout de deux ans !

Le producteur d’Utopia a sur ses terres une moitié d’arbre ayant naturellement atteint leur maturité pour produire et une moitié ayant bénéficié de boutures. Il nous a attesté ne pas avoir remarqué spécialement de différence de goût, de texture ou de qualité du produit. Impossible de vérifier mais j’ai envie de croire en sa bonne foi. Pour lui, la qualité du produit fini réside principalement dans ses apports lorsqu’il est consommé dans son entièreté et non séparé pour être reconstitué (ainsi que les ingrédients avec lesquels il est associé bien sûr). Sa production est limitée et la plus naturelle possible. Il gagne sa vie en vendant ses fèves et non le produit fini. Lorsqu’il en fabrique (plutôt pour sa consommation personnelle ou pour ses ateliers), son chocolat n’est composé que de cacao et de sucre (généralement peu raffiné) ainsi que de condiments ou assaisonnement pour varier les goûts, comme du piment, du miel, de la cannelle, du sel, etc.

Du fruit à la bouche

Il faut six mois entre l’apparition de la fleur et la cabosse prête à être récoltée. Lorsque la cabosse arrive à maturité, le délai de récolte est d’une semaine avant qu’elle ne soit grignotée par les oiseaux puis les insectes et donc perdue. C’est pourquoi la récolte est un travail de longue haleine tout au long de l’année. Il n’y a pas vraiment de saison comme pour les autres fruits.

Notre maître d’un jour, né au Guatemala de parents américains, nous a expliqué pourquoi des scandales sur du travail d’enfants avaient récemment éclaté dans le milieu du chocolat. Sans défendre les industriels pour autant, il a compris et observé qu’il est de tradition dans ces régions de travailler en famille pour travailler plus vite, gagner plus d’argent et ainsi fournir un meilleur confort de vie à l’ensemble de la famille. Les grosses entreprises n’emploieraient pas directement des enfants mais les parents ayant des opportunités de ramasser du cacao les emmèneraient avec eux, comme ils les emmènent dans leurs propres plantations de maïs ou les font travailler dans leur ferme. Nous avons nous-mêmes croisé beaucoup d’enfants de vendeuses ambulantes suivre leur mère, un panier à la main ou autour du cou, offrant le meilleur prix aux passants. Ça permet aussi d’amadouer et de vendre plus. C’est triste mais c’est une réalité… D’autant plus que j’ai cru comprendre que les enfants de ces villages n’allaient pas à l’école… Pour revenir sur le chocolat, les guatémaltèques ont de l’or marron entre leurs mains et ne peuvent pas l’exploiter à sa juste valeur car ils n’ont pas les techniques ni la formation pour produire en grande quantité. Aujourd’hui, il y a cinq intermédiaires entre la récolte et la revente avant atteindre l’usine pour débuter la fabrication. Après avoir vu ça, je mesure encore plus l’importance de soutenir des projets sociaux locaux ou des labels comme le commerce équitable.

L’intérieur d’une cabosse de cacao est surprenant à première vue. La fève est entourée d’une matière gluante blanche. On peut la manger comme ça en la suçant comme un bonbon. Le goût ressemble à un mélange de litchi et de mangue. C’est très fruité et très bon ! La fève en elle-même est amère mais j’ai bien aimé après le goût sucré. Une cabosse contient environ quarante fèves.

Une fois les cabosses ouvertes, les fèves sont mises à fermenter avec leur enveloppe blanche pendant une semaine dans un pot. Des petits insectes font le travail de grignoter la couche blanche. Ensuite, les fèves sont séchées au soleil avant d’être chauffées un peu sur une plaque chaude (5-10 min). Pour fabriquer son chocolat, il est conseillé d’acheter des fèves le moins travaillé possible (juste séchées au soleil par exemple) et de les chauffer ensuite soi-même pour garder le contrôle sur le goût et les propriétés. Les industriels ont tendance à les chauffer pendant plus longtemps car ce processus permet de faciliter le retrait de la coquille en plus d’atténuer l’amertume mais comme tout aliment, plus elle est chauffée, plus la fève va perdre ses propriétés nutritionnelles.

La coquille de la fève garde très bien la chaleur donc il faut faire attention à ne pas se brûler en la décortiquant. Une fois toutes les fèves décortiquées et mises de côté dans un plat, on peut les faire sauter (hors du feu comme des crêpes) pour évacuer les poussières de coquilles restantes. C’est la technique de notre producteur mais j’imagine que ça fonctionne aussi avec une passoire ou un chinois. Les industriels utilisent de gros ventilateurs.

Avant de jeter les coquilles, on peut préparer un thé en les faisant infuser dans de l’eau chaude. C’est un peu amer, on peut adoucir en ajoutant du miel. Ça n’a pas vraiment le goût d’un thé, je ne saurai pas décrire. Ce n’est ni bon ni mauvais mais c’était intéressant de goûter. C’est une boisson avec de très bonnes qualités nutritionnelles.

Enfin arrive l’étape de fabrication du chocolat lui-même : le plus simple ! Les fèves sont mixées avec un peu de sucre. Avec la chaleur qui se dégage en mixant, le beurre de cacao fond et on obtient une pâte. Chaque étape de mixage donne un goût différent. Plus on mixe, plus c’est doux. Le chocolat que nous avons fabriqué avait une teneur de 70% de cacao. Moins le sucre est raffiné, plus ça croustille sous la dent. Pour faire du chocolat liquide, il faut ajouter plus de sucre car le goût du cacao prendra le dessus au bout d’un moment. Pour faire un chocolat au lait, il faut ajouter du lait en poudre car l’ajout de liquide séparerait le beurre de cacao et l’ensemble ne pourrait pas se mélanger correctement. 

On choisit un moule pour donner une forme à son chocolat, quelques épices et condiments et on envoie au frigo pendant une quinzaine de minute. J’en ai fait quelques uns avec des raisins secs dedans. C’était très bon mais différent de ce qu’on peut acheter dans le commerce car la pâte n’était pas vraiment lisse et le goût du cacao est plus fort.

Pour conserver nos fabrications, nous les avons ramenées dans notre gourde isotherme, par peur qu’elles fondent aussi vite qu’elles ont pris au frigo. Dans cette région, il est difficile de fabriquer un chocolat tempéré (c’est-à-dire sans passer par la case frigo) car il faudrait un laboratoire climatisé. Ce n’est pas l’esprit de la maison.

Nous avons conservé nos gourmandises environ trois jours, le temps de tout manger et de faire goûter à quelques voyageurs de notre auberge. Ils ont tous trouvé notre chocolat excellent !

Je recommande vraiment l’expérience pour les voyageurs de passage dans le coin ou dans toute autre partie du monde où il est possible de récolter du cacao. Hâte de tester d’autres recettes à la maison et de façonner un chocolat à notre goût.

Retour dans la jungle, à la découverte du Guatemala

Passage de la frontière et arrivée à Flores

A San Ignacio, nous avons facilement trouvé un taxi dans le centre pour nous emmener à la frontière pour 5$ bélizéens chacun (environ 4€ au total). Pour entrer au Guatemala en temps de covid, il faut normalement présenter son carnet de vaccination et un test négatif de moins de 72h. Nous étions prêts à nous rendre dans une pharmacie le matin-même pour faire le test. Au moment de partir, un employé de notre auberge nous informe qu’il n’y a plus besoin de test depuis deux jours, que des hôtes sont passés sans la veille et qu’il profite de cette « réouverture » pour se rendre aussi à Flores pour la soirée. On se dit qu’on a un peu de chance de passer à ce moment-là ! Et que ça nous fera des économies. Dans tous les cas, s’il s’était trompé, on pourrait faire le test côté bélizéen pour 50$ US, comme à l’entrée. Il n’y a pas moins cher en ville. 

Finalement, pas de chance pour nous et pas d’économie… D’abord, nous avons dû payer des frais de sortie du Bélize, imposés à tous les étrangers. 40$ bélizéens chacun (environ 35€ au total). C’est la première fois que j’entends qu’il faut payer pour quitter un pays ! Et de l’autre côté, le test était toujours exigé. Retour en arrière, pour faire le test. Nouvelle surprise : pour quitter le Bélize, le test ne coûte pas 50$ US mais 75… Pour un coton tige à peine enfoncé dans le nez, la pandémie a bon dos… Bref, un mauvais moment à passer, on a vraiment eu l’impression de se faire dépouiller. 

Une fois la frontière passée, nous avons trouvé un colectivo pour nous emmener à Flores. Après 2h30 de route, l’arrivée sur cette presqu’île a balayé nos contrariétés, avec ses maisons colorées et ses petites ruelles aux airs d’Italie. Nous nous sommes offert un dîner au restaurant pour terminer la journée sur une bonne note, en terrasse avec vue sur le lac. Et une surprise de plus pour cette journée : je ne m’attendais pas à ce que mon ceviche de crevettes soit servi comme un cocktail ! C’était très bon, avec une sauce très bien assaisonnée mais il y avait trop de coriandre pour moi… Une herbe très appréciée ici mais très peu supportée par mon palais et mon estomac, je dois tout le temps faire le tri !

Nous sommes restés deux jours à Flores. Je pense que c’est largement suffisant pour une petite île comme celle-ci mais de nombreux voyageurs se rendent également à Tikal, le plus grand site archéologique maya du pays, au cœur de la jungle. Nous n’avons pas souhaité y aller car nous avions fait le plus important site maya du Bélize quelques jours plus tôt. C’est toujours intéressant de voir les sites mayas mais il y en a tellement que ça peut devenir redondant. On préfère les sélectionner et garder le budget pour d’autres activités inédites.

Le premier jour, nous nous sommes baladés tranquillement dans les rues de la ville et nous avons profité d’un magnifique coucher de soleil sur notre rooftop.

Le lendemain, nous avons loué un canoë pour rejoindre une plage de l’autre côté du lac et pique-niquer sur place. La météo était assez changeante mais c’était très tranquille, il n’y avait quasiment personne. On a croisé une pêcheuse sur le lac, pas de moteur, une seule pagaie pour se tracter. Elle a proposé de faire la course mais nous l’avons vite devancée. Son bateau avait l’air si lourd, je salue la force de cette femme.

Perdus dans la jungle de Semuc Champey

Pour rejoindre notre prochaine étape, nous sommes arrivés à 7h30 à la gare routière. Ici, les trajets sont très longs et il n’y a pas de bus de nuit comme au Mexique. Mais ces derniers temps, on a pris l’habitude d’être matinal pour se déplacer.

Nous avons donc passé la journée entière dans les transports, avec un pique-nique de fortune sur le trottoir pendant la pause. Nous sommes arrivés de nuit après dix heures de bus puis une petite heure de camionnette sur les chemins montagneux pour arriver à notre hôtel dans la jungle.

Nous sommes restés au Greengo’s Hostel, le cadre était magnifique ! Musique d’ambiance, hamacs et coussins dans les moindres recoins, jeux d’adresse, bar et piscine. Aucun réseau et wifi désactivée à partir de 20h pour une déconnexion totale. On s’y est senti bien tout de suite, on n’a pas attendu le deuxième jour pour réserver une nuit supplémentaire.

On a aussi recroisé au fil des jours des voyageurs rencontrés sur nos précédentes étapes. Avant de partir, notre entourage nous a beaucoup questionné sur la situation sanitaire. On nous parlait des restrictions, des difficultés pour voyager, etc. De notre côté, nous n’étions pas trop inquiets car conscients de la communauté de voyageurs un peu partout dans le monde, notamment grâce aux groupes Facebook. Et étant sur place, on a d’autant plus réalisé qu’il n’y avait pas d’inquiétude à avoir car énormément de voyageurs (et surtout des européens) ont entrepris le même projet que nous, au même moment (ou même parfois depuis plus longtemps). C’est marrant car les trajets sont sensiblement les mêmes, on a parfois l’impression de se suivre ! 

Contrairement aux auberges dans lesquelles nous avions l’habitude de séjourner, ici il n’y avait pas de cuisine partagée accessible. Pas non plus de magasin aux alentours (bien sûr, on est en plein dans la jungle). Il y avait restaurant sur place, tout fonctionnait avec une carte de « points » payée à l’avance à la réception et poinçonnée à chaque commande. Pour préserver notre budget, nous avons partagé un plat pour deux au maximum. C’était suffisant la plupart du temps et très bon. Pour le petit-déjeuner, nous avions investi quelques jours plus tôt dans du lait en poudre et nous avions un reste de céréales. On faisait notre petit mélange chaque matin dans la chambre avec nos gobelets pliables. 

Pour notre premier jour dans la région, nous sommes partis en randonnée avec un couple d’anglais et de néerlandaises. Nous avons marché pendant 3h entre les cacaotiers et les plants de maïs dans les hauteurs, soit 7km. Nous avons croisé des locaux timides et intrigués de voir passer un groupe de blancs. Ils ne parlaient pas espagnol pour la plupart mais la langue maya q’eqchi’. Une vingtaine de langues mayas sont encore parlées aujourd’hui au Guatemala. J’ai pu discuter avec un vendeur de glaces sur le chemin qui connaissait l’espagnol et nous a appris à dire bonjour dans sa langue : « cuachin » pour s’adresser à un homme et « naachin » pour s’adresser à une femme. Les femmes et jeunes filles sont toutes habillées de la même manière, elles portent un débardeur coloré (souvent en satin) sous un t-shirt d’une autre couleur en dentelle et une jupe longue à motifs rayés. Les habitants vivent dans des maisons très rustiques, en tôles avec leurs animaux (chiens, poules, cochons). Certains font sécher devant chez eux les fèves de cacao au soleil. C’est une des grandes richesses de la région, avec le maïs et le roucou (achiote en espagnol), fruits avec une coque épineuse comme les châtaignes, utilisé pour faire de l’huile, comme condiment ou encore pour son pigment rouge.

En découvrant toutes ces plantations de cacao sur le chemin, nous voulions en apprendre plus sur l’exploitation de ce fruit et la fabrication du chocolat. En posant la question à la réception, Anna nous a gentiment mis en contact avec une autre auberge du coin qui a sa propre ferme de cacao et propose des ateliers découverte. C’était hyper intéressant ! J’ai prévu de faire un article dédié sur le sujet. En attendant, tu peux (re)découvrir les étapes en version courte sur mon Instagram, dans ma story à la une sur le Guatemala.

Après l’atelier, nous sommes repartis à pied vers notre hôtel, une petite randonnée d’une heure et demie au programme. Mais on a perdu la trace du chemin principal et il a commencé à pleuvoir de plus en plus fort. Le terrain était très glissant dans la gadoue, on s’est d’abord accroché aux arbres comme on a pu puis on s’est chacun aidé d’un bâton pour avancer. Nous avons finalement retrouvé le chemin en reconnaissant des sentiers empruntés la veille. Nous sommes rentrés à 16h, trempés jusqu’au cou et ventre vide. Nous avions bien mérité une bonne pizza et une douche chaude ! Les douches de Greengo’s sont parmi les plus chaudes que nous avions eu ces derniers temps car il faut savoir que la douche chaude n’est pas automatique ici. C’est la surprise à chaque fois qu’on arrive dans un nouvel endroit.

Enfin, nous avons terminé notre séjour ici en beauté, en visitant le parc qui a rendu la région célèbre avec ses piscines naturelles. Il faut un bon cardio pour atteindre le point de vue, assez haut en altitude, chemin glissant et marches hautes. Mais la vue en vaut tellement la peine, c’est magnifique ! Nous avons rencontré deux jeunes filles guatémaltèques du nom de Dolores et Olga. Elles ont accepté de prendre une photo avec nous. Elles sont habillées comme toutes les guatémaltèques d’ici. Elles montent, en jupe et en tongs, avec des provisions dans leur sac à vendre aux visiteurs. Leur famille a installé un peu plus loin un magasin de fortune, monté et démonté chaque jour. 

Après le mirador, nous avons poursuivi notre chemin pour redescendre et nous avons croisé un singe assis sur les marches. Très surpris de le voir ici, nous avons pris un peu peur. Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre en passant si près. Mon copain s’est armé d’un bâton pour se défendre en cas d’attaque. En fait, il était blessé et ne bougeait pas du tout… Nous l’avons signalé à des gardes du parc qui l’ont ensuite recueilli pour l’emmener en ville et le soigner.

En fin de parcours, nous avons pu nous baigner dans les magnifiques piscines naturelles. Une belle récompense pour décompresser !

Nous avons quitté la jungle très tôt le lendemain matin pour dix heures de bus direction Antigua Guatemala, l’ancienne capitale du pays et la hâte de vivre notre prochaine expérience sur le lac Atitlán, au sein d’une famille guatémaltèque.

Comme d’habitude, je reviens très vite pour te partager tout ça ! En attendant, tu peux me suivre au jour le jour sur Instagram.

Dans les terres du Bélize

Après cette semaine de rêve à Caye Caulker, nous avons repris le bateau direction le continent. Depuis Bélize City, nous avons rejoint Hopkins sur la côte en chicken bus. Ces anciens school bus américains remasterisés sont les bus les plus communs en Amérique Centrale. C’est le moyen de transport le plus plébiscité par la population locale et c’est aussi le plus économique. Ça change des bus climatisés ADO au Mexique ! Ambiance reggae à fond — pour le plus grand bonheur d’un rastafari qui chantait à tue-tête — et paysages verdoyants qui défilent par la fenêtre. 

Hopkins, berceau de la culture garifuna

Hopkins est un petit village tranquille sur la côte caribéenne. Il est le cœur de la culture garifuna,  peuple noir des Caraïbes. Cette ethnie est issue d’un métissage entre des esclaves africains et des autochtones (Caraïbes et Arawaks), mêlant certaines traditions africaines avec la culture caraïbe. Leur nom signifie « mangeur de manioc » en arawak. C’était une bonne transition entre les plages paradisiaques de Caye Caulker et le retour dans les terres, puisqu’après cette étape nous ne verrions plus de plage pendant au moins trois semaines.

Si les palmiers faisaient toujours partie du décor, finie l’eau transparente. Les plages n’étaient pas des plus propres et il n’y avait pas grand chose à faire dans le village. Nous aurions bien aimé assister à une soirée percussions mais nous sommes passés en pleine semaine, il aurait fallu attendre le vendredi soir. Nous ne sommes restés que deux nuits et c’était suffisant, à alterner les moments détente entre la plage et les hamacs de l’auberge. J’ai dévoré un nouveau roman. Avant de partir, nous avons organisé une petite soirée crêpes à laquelle nous avons convié des voyageurs allemands rencontrés à Caye Caulker et retrouvés ici par hasard.

San Ignacio et Chiquibul National Park

Le lendemain matin, nous avions rendez-vous à 7h à l’arrêt de bus pour rejoindre notre prochaine et dernière étape bélizéenne. Nous avons croisé les élèves en uniforme monter dans le fameux school bus jaune. Pour le petit-déjeuner, nous avons mangé nos crêpes faites la veille, emportées dans nos contenant hermétiques pliables. C’est l’un des meilleurs investissements que nous ayons fait en termes d’accessoires techniques pour le voyage. On s’en sert vraiment souvent pour transporter de la nourriture. Ça nous évite d’acheter et consommer en extérieur.

Trois bus et trois heures plus tard, nous sommes arrivés à San Ignacio, près de la frontière avec le Guatemala. Cette région est très verte, propice à l’agriculture et la culture des fruits. La jungle est très présente et c’est aussi assez vallonné. Je ne m’attendais pas forcément à ce type de paysages. Nous avons fait un petit tour de la ville et de son marché. Nous nous sommes renseignés sur les activités à faire dans le coin et nous sommes restés tranquilles à l’auberge. J’ai terminé mon roman commencé deux jours plus tôt. Je n’avais jamais lu aussi vite ! C’est génial de pouvoir mettre sa vie sur pause, loin du quotidien et des contraintes métro-boulot-dodo.

Encore une fois, les activités étaient très chères (environ 100$ US par personne). Et malheureusement, rien n’est accessible à pied dans le coin. Louer une voiture est à la fois coûteux (surtout à deux) et risqué au vu de l’état des routes menant aux sites touristiques reculés. Il aurait fallu être cinq pour équilibrer les dépenses. Nous avions prévu de rester trois jours sur place pour découvrir la région, pas pour rester à l’auberge… Nous avons finalement fait appel à Gabriel, guide et chauffeur de taxi. C’est une voyageuse rencontrée lors de nos précédentes étapes et faisant le trajet en sens inverse qui nous avait conseillé ses services. Nous en avons eu pour 175$ US chacun pour deux jours complets d’excursion, avec déjeuner inclus. On a conscience que c’est cher et ça dépassait le budget qu’on s’était fixé mais on a un peu suivi la devise YOLO (you only live once / « on n’a qu’une vie) ». La région est connue pour ses ruines mayas et ses grottes. La plus célèbre d’entre elles, Actun Tunichil Muknal (ou ATM en version courte), attire les touristes qui n’ont pas froid aux yeux puisque des ossements humains, preuve de sacrifices des mayas au nom des dieux, y sont conservés. Nous n’y sommes pas allés car il fallait débourser 100$ US chacun pour la visite d’une demie journée.

Le premier jour, Gabriel nous a emmené au petit matin découvrir le cave tubing. On ne savait pas trop à quoi s’attendre. En fait, en anglais, « cave » signifie « grotte » et « tube » est une bouée. Nous voilà donc partis visiter des grottes immergées assis chacun sur une bouée dans l’obscurité, équipés d’un gilet de sauvetage, un casque et une lampe frontale. C’était assez impressionnant !

On a vu de nombreuses formations de calcaires, parfois très scintillantes, des énormes stalactites et stalagmites et des chauves-souris. Après le parcours dans les grottes, nous sommes descendus tranquillement par la rivière, dans un cadre magnifique. Enfin, le guide nous avait prévu pour le déjeuner un plat typique et fait maison, cuisiné le matin-même avec sa femme : riz, haricots rouges, poulet et salade coleslaw. 

Le lendemain matin, nous avions rendez-vous à 7h pour une longue journée de quatre étapes. Premier arrêt : la grotte Río Frío à une demie-heure de la ville. Pas de bouée cette fois-ci mais nous avons retrouvé les énormes stalactites de la veille. Un site impressionnant caché derrière les hauts arbres.

Nous avons ensuite repris la route dans les chemins de terre cabossés du parc national Chiquibul pendant deux heures pour atteindre Caracol, le plus important site maya du Bélize. L’état de la route a eu raison de Zina, la vieille et courageuse Toyota qui nous accompagnait car nous sommes arrivés avec un pneu crevé. Heureusement, Gabriel en connaissait les risques et avait une bonne roue de secours dans son coffre.

A l’entrée du site, avons été accueillis par les cris des singes hurleurs et nous avons découvert un campement de petites maisons en bois avec un toit en feuilles de palmiers. Gabriel nous a expliqué que certaines personnes étaient venues s’installer ici en 2012 pour vivre la fin du monde annoncée au pied des ruines. En réalité, il s’agissait d’une mauvaise interprétation du calendrier maya qui fonctionne par cycle de 52 ans. L’année 2012 était donc la fin d’un cycle et non la fin du calendrier.

C’est la première fois que nous visitions un site maya avec un guide. Au Mexique, nous trouvions les informations dans notre guide papier mais là c’était vraiment intéressant de pouvoir poser nos questions et d’avoir le point de vue d’un local. C’est également l’un des seuls sites mayas sur lequel nous avons pu monter et admirer la vue de haut. Et ça se mérite, car les marches sont nombreuses et très hautes. Je demandais justement à Gabriel pourquoi les marches étaient si hautes alors que la population maya était très petite (ils mesuraient entre 1m40 et 1m50). En fait, seuls les chefs vivaient en haut et lorsque le peuple venait s’adresser à lui, la hauteur des marches les obligeait à se courber et à adopter une posture de respect en montant.

En plus des temples, le site était composé de terrains de jeu de balle, très apprécié chez les mayas, avec les gradins de chaque côté et une pierre gravée à l’effigie de l’équipe gagnante au centre. Comme pour de nombreux sites mayas, une partie est encore enfouie sous la forêt. J’ai beaucoup aimé cette visite à l’entrée de la jungle, ça m’a rappelé Palenque, le site maya que j’avais préféré au Mexique. 

Une fois le pneu changé, nous avons repris la route pour une après-midi détente au bord de l’eau. Nous avons pique-niqué en face des piscines naturelles Río on Pools, une superbe vue de haut avant d’aller nous y baigner.

Enfin, nous avons terminé notre parcours au pied des cascades Big Rock avant de reprendre la route vers 16h et de rejoindre notre auberge une heure et demi plus tard. C’était une super journée, le cadre était magnifique. Nous avons fini en beauté notre visite du Bélize.