
Aujourd’hui, je voulais te parler d’un vieux classique que je viens de terminer. Ça change des romans contemporains à suspense ou good vibes que j’ai l’habitude de lire. Un bon gros pavé de 600 pages, bien remplies, vocabulaire et tournures de phrases du 19ème siècle, garnies d’extraits de textes religieux et une auteure qui s’adresse au lecteur parfois en plein milieu de l’histoire.
Tous ces éléments, ainsi que le sujet en lui-même, en font un livre pas facile à lire. Je suis contente de ne pas l’avoir eu en lecture obligatoire au collège ou au lycée et de le lire à un âge « plus éclairé », en ayant choisi de le lire.
C’est après l’assassinat de George Floyd au mois de mai aux États-Unis et l’ampleur de la reprise du mouvement #BlackLivesMatter que j’ai décidé de m’instruire et d’en apprendre un peu plus sur la condition des noirs aux États-Unis depuis l’esclavage.
La Case de l’Oncle Tom est ma troisième lecture, après Washington Black et No Home, qui m’ont tous les deux bouleversés. Je te l’accorde, un roman ne vaut pas des faits historiques mais les récits sont bien souvent inspirés, voire reprennent, des faits réels.


La Case de l’oncle Tom a d’ailleurs été publié pour la première fois dans les années 1850. Plus de 10 ans avant l’abolition de l’esclavage aux États-Unis. C’est dire si le récit est proche de la réalité de l’époque. Et c’est aussi ce qui en a fait un roman si symbolique et historique. Il a participé à la défense et à la promotion des thèses abolitionnistes (en faveur de l’abolition de l’esclavage), qui ont mené à la guerre de Sécession opposant les États du Nord et ceux du Sud. Loin de moi l’idée de faire un cours d’histoire ici. Je t’invite à te renseigner sur la chronologie si cela t’intéresse. Je voulais avant tout partager ce qui m’a touché dans le livre (no spoil).
Bien sûr, j’ai choisi une branche de coton pour représenter ce bon vieux Tom. Parce que les plantations de coton sont le lieu principal des évènements, mais aussi en écho à la douceur du personnage, son incroyable gentillesse et sa droiture. La délicatesse du coton fait aussi écho à un autre personnage important et touchant à mes yeux, Eva, fille de planteur. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants, mais c’est impressionnant de lire les plus belles leçons sortir de la bouche d’une aussi jeune héroïne. J’ai également choisi cette page pour illustrer cet article car c’est un moment clé de son existence, et sans elle, il aurait vraiment manqué une dimension au roman. C’est de loin le personnage le plus juste et le plus éclairé. Malheureusement, sa position la rend bien impuissante et son père, bien qu’il la comprenne, n’a pas réussi à suivre ses conseils ou encore exaucer ses vœux. En cela, le roman est plein de contradictions. Il dévoile les pensées des meilleurs maîtres et des pires bourreaux, mais en réalité, existe-t-il vraiment un bon maître qui ait recours à l’esclavage ? C’est ce que veut dénoncer l’auteure.
L’histoire en elle-même se conclut dans l’avant-dernier chapitre. Le dernier chapitre, lui, est consacré à un discours abolitionniste de l’auteure. Ses propos peuvent paraître évidents aujourd’hui mais étaient révolutionnaires pour l’époque. A travers ses personnages et leur vécu, l’auteure interpelle les Américains et les invite à se questionner sur ce fléau de société qu’est l’esclavage. En s’adressant à tous les Américains et pas seulement aux esclavagistes du Sud, elle s’inclut elle-même dans ses propres accusations. Elle dénonce le silence et l’inaction des États du Nord qui, sans ignorer, ont laissé faire. Elle appelle les « bons maîtres » du Sud à se remettre en question et à reconnaître que chaque homme dans sa nature étant différent, rien ne peut garantir que son voisin fait preuve d’autant de bonté que soi-même. Elle insiste sur la cohésion et la solidarité, qui doivent faire de ce combat le combat de tous. Évidemment, ce roman a été critiqué, d’autant plus que l’auteure est une femme blanche et on pourrait en débattre. Mais je ne voulais pas m’arrêter à ça. J’ai choisi d’en parler avant tout pour la cause qu’il défend.
Aujourd’hui, je suis assez triste de me dire que 200 ans plus tard, certains combats sont loin d’être gagnés et que des minorités souffrent encore d’une certaine oppression et de discriminations. Et malheureusement, ça n’arrive pas qu’aux autres et pas qu’aux États-Unis. En témoigne la triste actualité en France, que je n’avais bien sûr pas prévue ni anticipée en écrivant cet article quelques jours plus tôt. Je vais donc finir sur une note d’espoir un peu love-love mais c’est important. Nous sommes tous des êtres humains, personne ne mérite d’être maltraité, opprimé, non respecté. Apprenons à nous aimer les uns les autres et éduquons-nous. Les différences sont notre force. C’est tous ensemble que nous pouvons faire avancer les choses.
J’espère que ce premier article t’a plu ! N’hésite pas à me donner ton avis. Je reviendrai avec d’autres livres pour cette rubrique « Coin Lecture ».
Si le sujet t’intéresse, j’ai aussi Le Noir qui infiltra le Klu Klux Klan dans ma liste de lecture — le témoignage qui a inspiré le film de Spike Lee BlacKkKlansman avec John David Washington. Il m’attend déjà sur une étagère. Je pourrais aussi en faire un article.

Quels sont tes livres coup de cœur de moment ? Tu aimes la littérature engagée ou tu préfères lire des histoires plus légères pour te détendre ? (ou les deux ?)
Une réflexion sur « Coin Lecture : La Case de l’oncle Tom »