San Cristóbal de Las Casas
La deuxième partie de notre séjour au Mexique a commencé en demie-teinte. De la côte pacifique, nous sommes remontés dans les terres du Chiapas pour rejoindre la ville de San Cristóbal de Las Casas. L’auberge que nous avions repérée n’avait plus de lit disponible mais on nous a proposé de dormir en tente sur leur terrain. Le matelas étant inclus et la météo estivale, nous avons accepté sans y voir trop d’inconvénient. En réalité, on n’avait pas la même notion de ce qu’est un matelas (deux couettes posées au sol, je n’appellerais pas ça un matelas) et on avait mal jaugé la météo dans cette ville à plus de 2000m d’altitude puisque les températures sont descendues jusqu’à 5°C dans la nuit… L’auberge en tant que telle n’était pas extraordinaire non plus, les équipements étaient assez sommaires. Nous n’étions pas mécontents d’avoir réservé une seule nuit. C’était la moins chère de notre séjour, ça nous a permis de gagner un peu de marge sur notre budget.






En plus, avant d’arriver ici, j’avais lu plusieurs témoignages sur Facebook de voyageurs tombés malades dans cette ville. Nous avions donc prévu de faire très attention, notamment avec l’eau et aux endroits où manger : ne pas utiliser l’eau du robinet — même pour se laver les dents —, ne pas manger dans les stands de rue et privilégier des restaurants soignés. En arrivant, une jeune française de l’auberge était justement malade, ce qui nous a conforté dans notre idée de prendre nos précautions mais nous a fait un peu peur sur le déroulé du séjour.
Questions matérielles mises à part, il y avait une super ambiance dans cette auberge. Tout le monde nous a salué à notre arrivée, les gens étaient très avenants et certains hôtes se sont motivés pour organiser une soirée pour tous avec repas fait maison, petit concert et tours de magie autour d’un feu de camp. C’était une super soirée. Nous avons recueilli plein de conseils pour la suite du parcours dans cet état du Chiapas.
Le Canyon de Sumidero
Le lendemain matin, nous sommes partis en excursion au Canyon de Sumidero. Les excursions et activités organisées chiffrent assez vite, entre 350 et 500 pesos en moyenne par personne (soit une vingtaine d’euros chacun) mais c’est souvent le seul moyen de voir de beaux endroits et de découvrir la culture quand on n’est pas motorisé. On avait envisagé d’aller au Canyon par nous-mêmes en essayant de trouver des transports en commun mais nous avons pris l’excursion sur les conseils d’un français de l’auberge et nous n’avons pas regretté ! Après coup, ça n’aurait sûrement pas été possible par nous-mêmes, ou très compliqué…
Nous avons d’abord vu le canyon d’en haut depuis les « miradores » puis nous avons sillonné la rivière pendant deux heures dans un petit bateau. Nous avons vu beaucoup d’oiseaux, des singes et même des crocodiles. C’était assez impressionnant. En revanche, j’ai trouvé regrettable de voir un amas de déchets plastiques dans l’eau à un endroit… Et même dans la gueule d’un des crocodiles… C’est le fléau de notre époque mais je trouve que ça pourrait être évité ou mieux contrôlé, dans la mesure où c’est un parc protégé. L’entrée est payante sur le motif de préservation du lieu. Il y a de nombreuses pancartes interdisant de jeter ses déchets dans la nature ou rappelant de les ramener avec soi mais d’un autre côté, dès le début de la balade, le bateau s’arrête à côté d’une boutique flottante qui vend tout un tas de cochonneries à boire et à manger conditionnés dans du plastique… Je pense que j’en parlerai plus en détails dans un autre article dédié aux valeurs écologiques en voyage.





A la fin de la balade, nous nous sommes arrêtés dans le petit village de Chiapa de Corzo où nous avons bu une bière en terrasse. Nous avons eu une petite mésaventure avec notre argent. Nous pensions ne plus avoir d’espèces sur nous donc nous recherchions un bar/restaurant qui acceptait la carte mais tous n’acceptaient que les paiements en liquide. Finalement, nous avons retrouvé un billet de 500 pesos (un peu trop bien) caché dans l’une de nos poches secrètes. Nous avons donc pu commander nos bières et payer en espèces. Mais au moment de payer, le serveur nous dit qu’il n’a pas la monnaie sur 500 pesos pour une addition à 60 pesos et il ne voulait pas nous laisser partir. J’ai bien tenté de négocier pour qu’il nous offre les bières à défaut de pouvoir recevoir notre monnaie mais ça n’a pas marché. On a cru ne pas pouvoir partir et louper notre rendez-vous de retour au mini-bus pour rentrer. A titre de comparaison, c’est comme si nous avions payé en France une addition de 3€ avec un billet de 50. Je comprends que ce n’est pas idéal mais ça nous a grandement étonné que des endroits qui n’acceptent que les espèces manquent de monnaie… Finalement, la propriétaire des lieux a emprunté 100 pesos à l’une de ses employées et vidé sa caisse puis nous sommes repartis en direction de San Cristóbal à travers les routes de montagne sous le rouge flamboyant du soleil couchant. Le soir même, nous prenions un bus de nuit direction Palenque, au nord de l’état du Chiapas.



Les limites du corps
Cette nuit-là, j’ai appris qu’il ne fallait pas crier victoire trop vite et que je n’échapperai pas à la malédiction de San Cristóbal sur les estomacs. Je m’excuse d’avance pour les détails et je t’invite à passer au paragraphe suivant si tu es trop sensible. Je me suis retrouvée à vomir mon repas de la veille dans le lavabo des toilettes du bus, où il n’y avait ni eau ni papier pour nettoyer… Ça ne m’arrive jamais de vomir un repas mal digéré alors je ne m’y attendais pas du tout. C’est la raison pour laquelle je n’ai pu viser que le lavabo et non la cuvette. Après ça, ça allait mieux pour le reste de la route mais arrivée à Palenque, je me sentais toujours un peu barbouillée. Je ne sais pas si c’est arrivé à ce moment-là parce qu’il se passe vraiment quelque chose à San Cristóbal, si le poulet rôti du coin de la rue n’était pas frais, ou si mon estomac a simplement dit stop au bout de quinze jours de nourriture mexicaine (coucou la tourista). Je n’ai rien pu avaler de cette journée et je n’ai pris qu’un léger repas les jours suivants. Mon copain a été malade aussi, à une journée d’intervalle. Le coca était devenu notre meilleur ami. Nous avons donc ralenti un peu le rythme et nous sommes restés une journée entière à lézarder au bord de la piscine de notre hôtel à Palenque.
La jungle de Palenque
Le cadre était magnifique, nous séjournions dans des cabanes dans la jungle, proches des ruines célèbres de la région. Avant la visite des ruines, nous avons fait une balade en forêt avec un guide local, qui nous a appris quelques éléments de la jungle et de la culture maya. Nous avons vu des arbres et des termitières impressionnants, aperçu des singes et grimpé sur les pyramides enfouies sous la végétation. Nous avons appris que les ruines découvertes de Palenque ne représentent que 5% de la ville édifiée par les mayas. Plus de 1500 pyramides sont encore cachées sous la forêt. Notre guide nous a expliqué qu’il s’agissait d’un grand dilemme entre la richesse de la nature et la richesse culturelle. Vaut-il mieux détruire l’une des plus grandes forêts du Mexique pour mettre en lumière la grandeur des fortifications mayas ou préserver la nature et accepter qu’elle garde les secrets des ancêtres ? Pour le moment, c’est donc la nature qui prime, bien aidée par le motif financier, puisque qu’une telle entreprise archéologique nécessiterait un financement de taille.







L’empreinte de la culture maya dans cette région m’a marquée. La plupart des mexicains ici et dans les villages alentours n’apprennent l’espagnol qu’en arrivant à l’école à partir de 6-8 ans. Il y a encore 8 langues « mayas » parlées, dont celle de notre guide est le tzeltal. C’est un aspect de la culture mexicaine que je ne connaissais pas et qui est (je pense) peu connu dans le monde. Tu savais toi, qu’il y avait autant de langues dans ce pays ? Notre guide nous a aussi montré des plantes médicinales et conté des croyances de son peuple. Une plante est par exemple donnée aux femmes pour atténuer les douleurs de l’accouchement, ou une autre à des bébés qui ont perdu leur âme dans la forêt. D’après l’une des croyances, si un bébé tombe au sol et qu’il reste faible après sa chute, c’est parce que la forêt a absorbé son âme. Il faut donc conduire le bébé à un chaman qui lui fera respirer une mixture à base de plantes pour qu’il retrouve son âme et ainsi ses forces et sa santé.
Palenque est le troisième site de ruines que nous avons visité. Si Teotihuacan et Monte Albán se ressemblaient sensiblement, j’ai trouvé celles-ci vraiment différentes, du fait de leur implantation en pleine jungle. On en a appris un peu plus sur le calendrier maya (dont la fin du monde annoncée en 2012 est en fait une mauvaise interprétation et seulement la fin d’un cycle de 52 ans). Le calendrier maya compte dix-huit mois de vingt jours, chacun représenté par un symbole. Mon mois est le Ch’en, représenté par la lune.





Pour notre dernier jour dans la région, nous sommes allés voir les cascades de Roberto Barrios, à 45 minutes de la ville en camionnette. Nous avons croisé un petit groupe de singes et sommes rentrés sous les belles couleurs du soleil couchant à travers la végétation.





De nombreux voyageurs rencontrés ont adoré San Cristóbal mais je pense que nous ne sommes pas restés assez longtemps pour pouvoir en dire autant. Nous n’avons pas visité les villages indigènes aux alentours. Nous avons préféré Palenque, malgré notre état de santé. La région du Chiapas est beaucoup plus verte que ce que nous avions vu jusqu’à présent. Nous étions immergés dans la nature et dans la culture ancestrale mexicaine.
4 réflexions sur « Quelques jours dans la jungle luxuriante du Chiapas »