Dernier Coin Lecture de l’année et dernière lecture au format papier avant de passer à la liseuse pendant le voyage.
Tous Tes Enfants Dispersés est un roman de Beata Umubyeyi Mairesse, auteure rwandaise, exilée en France, comme son héroïne Blanche en 1994 après le génocide des Tutsi. Je l’ai trouvé lors du festival Africa Climax à Bordeaux en août dernier, où la Géolibri mettait en avant des auteurs africains.

Le thème de la quête d’identité résonnait fort en moi à ce moment, mais c’est vrai qu’il s’est écoulé du temps entre l’achat du livre et la lecture. Et plusieurs raisons ont fait que je n’ai pas pu apprécier le roman à sa juste valeur.
Tout d’abord, je crois que ça ne correspondait plus tout à fait à ce que j’avais envie de lire en cette période. J’aurai eu envie de lire quelque chose de plus léger, sans prise de tête et avec moins de réflexion. Mais je voulais vraiment le terminer avant de partir en voyage, sachant que je ne l’aurai pas emmené. Lire un livre par « contrainte » plus que par envie nous met rarement en bonnes conditions pour accueillir un roman, ses personnages et son auteur. Ça amène plus facilement à remarquer les petits détails qui nous déplaisent.
En plus, je me suis quelque peu fait une fausse idée de l’histoire. Malgré le résumé, le titre m’a laissé croire à une multitude d’enfants, répartis aux quatre coins du monde et essayant de répondre à des questions sur leur identité, menant vers une réponse commune. En cela, je m’attendais à un récit dynamique. J’ai aussi cru, à tort, qu’on suivrait de près le cheminement de Stokely, troisième génération de cette famille prise entre plusieurs pays et origines. Ce n’est pas le cas. L’histoire de Blanche est au cœur du récit, ainsi que celle de sa mère Immaculata. Seuls quelques chapitres sont consacrés au fils, en narration à la troisième personne (contrairement aux femmes qui racontent leur point de vue à la première personne). J’ai trouvé ça dommage car ça aurait mérité d’être plus développé.
Peut-on rassembler ceux que l’histoire a dispersés ? Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsi de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et leur fils Stokely. Mais après des années d’exil, quand elle rend visite à sa mère, Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se pardonner ? Stokely, lui, pris entre deux pays, veut comprendre d’où il vient.
Ode aux femmes persévérantes et la transmission, ce roman mêle les voix de trois générations qui tentent de renouer des liens brisés et de trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui.
Objectivement en revanche, le roman est extrêmement bien écrit et les mots choisis sont percutants. Mais les nombreuses descriptions et formules de phrase à rallonge rendaient parfois la lecture un peu lourde… Le récit d’Immaculata est poignant mais fait stagner le récit au début. J’ai beaucoup plus apprécié cette lecture dans sa deuxième partie car le message de fond est fort, même si j’ai moins aimé la forme. Il y a aussi des passages très intéressants sur l’histoire du Rwanda et la colonisation de l’Afrique, vues de l’autre côté, racontées par les populations locales. Une bonne façon de remettre ses croyances et son savoir en perspective, en tant qu’européen habitué à entendre le point de vue européen. Je connaissais déjà quelques éléments de contexte sur la guerre au Rwanda et le génocide des Tutsi dans les années 1990 grâce au roman Petit Pays de Gaël Faye, puis le film, une adaptation très fidèle, que j’avais adorés ! Au final, je suis contente d’avoir lu ces deux romans (et dans cet ordre) car je les trouve complémentaires.
Enfin, j’avais envie de clore cet article avec cette magnifique chanson de Gaël Faye, qui me donne des frissons, sur son petit pays, le Burundi, frontalier du Rwanda.